Championnat d'Europe, l'argent pour Coline Aumard

Après deux médailles de bronze en 2013 et 2015, Coline Aumard (à gauche) a décroché l'argent au championnat d'Europe en Autriche (Crédit photo : Bild / Lennard Jessen) 

Gros plan : Millie Tomlinson et Borja Golan champions d'Europe

Malgré l'absence de ses meilleurs éléments, la France n'est pas rentrée bredouille du championnat d'Europe en Autriche grâce à la médaille d'argent de Coline Aumard : battue par l'Anglaise Tomlinson à l'issue d'une finale très disputée, la Cristolienne aurait même pu espérer mieux avec un peu plus de lucidité dans les fins de jeu.

Les connaisseurs de la petite balle noire le savent : à l'instar de la Coupe Davis en tennis, le championnat d'Europe n'offre pas de points pour le classement mondial ni de dotation financière conséquente, et n'attire donc pas les stars de la discipline. Les chiffres ne mentent pas : sur les 33 joueurs et joueuses Européens des top 50 mondiaux, seuls 7 étaient à Graz cette semaine. Multiples vainqueurs de l'épreuve, Grégory Gaultier et Camille Serme avaient logiquement décidé de laisser leur place cette année. Également sans Grégoire Marche ni Mathieu Castagnet, la délégation Tricolore affichait une moyenne d'âge en forte baisse et des ambitions forcément mesurées. Mais en l'absence de la sextuple tenante du titre, Coline Aumard a su reprendre le flambeau. Après être venue à bout de la Belge Nele Gilis en demi-finale à l'issue d'un rude combat, elle a sérieusement bousculé la favorite Millie Tomlinson samedi après-midi. Le scénario de la finale lui laissera sans doute quelques regrets : nullement inhibée par le contexte, la Parisienne n'a jamais été dominée et a remporté quasiment autant de points que son adversaire (38-37), mais l'Anglaise - balayée par Serme l'an dernier en finale - a été un peu plus lucide dans les fin de premier, deuxième et quatrième jeux (11-9, 12-10, 4-11, 11-7). Elle en voulait certainement plus, mais non seulement Aumard obtient son meilleur résultat après deux médailles de bronze en 2013 et 2015, mais elle permet aussi à la France de ne pas rentrer bredouille (ce qui n'est jamais arrivé hormis lors des deux premières éditions en 1990 et 1992). C'est aussi de bon augure avant le championnat du monde par équipe, qui débute le 11 septembre en Chine. La composition des poules a été dévoilée vendredi, et la France (tête de série n°6) sera opposée au pays hôte, au Japon mais surtout aux États-Unis. « Ce sera compliqué de faire aussi bien que la troisième place de 2016, car certaines nations ont beaucoup progressé, » confie avec lucidité leur entraîneur, Philippe Signoret lucide. « Notamment les Américaines qui ont une grosse équipe (les sœurs Sobhy, Blatchford et la jeune Sedky), mais il faudra les battre si on veut éviter l'Angleterre en quarts de finale. » Avec son armada (quatre joueuses dans le top 6), l'Egypte de Nour El Sherbini est grande favorite pour conserver son titre. Nous vous présenterons la compétition dans le prochain blog. 

Concernant les deux autres Bleues en Autriche - Énora Villard et Mélissa Alvès - elles ont terminé respectivement 7ème et 9ème. La première s'est logiquement inclinée 3-0 en quarts face à Tomlinson malgré une belle résistance dans les deux derniers jeux, alors que la Guyanaise était passée tout près de la victoire en 1/8è face à Tinne Gilis. « Dommage car elle menait 5-2 dans le dernier jeu, » selon Signoret. « Mais ce match était un bon test pour Mélissa et je retiens avant tout le positif. » 

Impitoyable contre Lucas Serme en demi-finale, Borja Golan s'est adjugé un deuxième titre de champion d'Europe le lendemain en battant de justesse George Parker (Crédit photo : Bild / Lennard Jessen)

Chez les hommes, Borja Golan a été sacré pour la deuxième fois, après sa victoire en 2016. Mais l'Espagnol est revenu de très loin en finale, écartant une balle de match face à la révélation de la semaine George Parker, avant de prendre le dessus dans le cinquième jeu. Tombeur de Raphael Kandra en demi, le jeune Anglais (22 ans) a confirmé les espoirs placés en lui, après quelques errements - notamment disciplinaires - ces dernières années. Il sera l'un des joueurs à suivre cette saison. Côté Français, pas de médaille pour Lucas Serme. Tombé sur un Golan des grands jours en demi-finale, le Français avait l'occasion de rééditer le coup de 2016, lorsqu'il avait battu Raphael Kandra dans le match pour la troisième place. Mais le résultat s'est malheureusement inversé en faveur de l'Allemand, qui a remporté un troisième jeu crucial avant de s'envoler. Demi-finaliste surprise du dernier British Open, Kandra joue avec une raquette de squash Victor IP 9RK, disponible sur My Squash. Pour leur première participation, les jeunes Auguste Dussourd et Baptiste Masotti ont tenu leur rang, se qualifiant pour les quarts de finale avant de s'incliner contre Kandra et Parker. L'entraîneur national Renan Lavigne faisait les concernant un constat similaire, évoquant « de bonnes séquences mais un manque de constance sur tout un match. » S'il reconnaissait que Dussourd « n'avait pas eu la préparation idéale pendant l'été en raison d'une blessure, » Masotti pouvait avoir quelques regrets : en tête 1-0 puis 2-1 contre le futur vice-champion d'Europe, il a perdu à chaque fois lourdement la manche suivante, faisant dire à Lavigne qu'il était « difficile voire impossible de gagner un match quand on perd deux jeux 11-2 et 11-0. Ce sont deux jeunes joueurs avec des qualités et capables de coups d'éclat, mais s'ils veulent passer un cap ils doivent s'en donner tous les moyens. » Dès la semaine prochaine à Nantes ?

Les autres news de la semaine du squash

--- C'est peut-être l'évènement le plus attendu de la saison en France : le 4ème open international de squash de Nantes débute mardi. L'identité du projet conçu par François Le Jort et son équipe est d'installer le court vitré sur des sites de la cité des Ducs, en changeant tous les ans. Cette fois, le squash s'invite à l'opéra, au théâtre Graslin. « L’Opus 4 est l’édition emblématique de ce projet hybride, » indiquent les organisateurs, pour lesquels cette configuration inédite vise à « mettre en scène notre sport à l’aube de son destin olympique … » Mathieu Castagnet et Grégoire Marche ont découvert le lieu lors du tournage des teasers. Le premier pense « qu'il y aura une osmose avec le public, car c’est un lieu confiné avec un décor d’époque magnifique, » alors que le triple tenant du titre « a hâte de voir ce que ça va donner, dans un endroit inhabituel pour un événement sportif. » Comme d'habitude, l'OISN ne se contente pas d'installer un court de squash dans un bel endroit. Ses organisateurs proposent une véritable habillage adapté au lieu, et l’air de La Wally d’Alfredo Catalani sera interprété par la soprano Anne Sophie Duprels, accompagné du Quatuor Liger, avant chaque match. Le public ne s'y est pas trompé, car pratiquement tous les billets ont déjà été vendus. Le succès de cet événement est aussi basé sur la ferveur populaire, et de nombreux joueurs ont décrit l'ambiance à Nantes comme la meilleure qu'ils aient connus sur le circuit international. La Professional Squash Association (PSA) ne s'y trompe pas et les caméras de SquashTV seront en Pays de Loire plutôt qu'en Chine, malgré un prize money bien moins important (46 000 $ contre 241 000). Côté court, la présence de James Willstrop sera l'une des attractions de la semaine. L'ancien numéro 1 mondial n'est certes plus un prétendant à la victoire dans les tournois World Series depuis son opération à la hanche, mais il reste un joueur exceptionnel. Il a hérité d'une partie de tableau relativement abordable, même si l'on espère que Lucas Serme lui donnera du fil à retordre en quart de finale. Dans la partie basse, on retrouve les deux meilleures chances Françaises : Mathieu Castagnet (contraint à l'abandon en 2017) et bien sûr Grégoire Marche. Ce dernier peut-il réussir une incroyable passe de quatre ? Le chouchou du public a rendez-vous en quart avec le redoutable Anglais Declan James, avant de retrouver peut-être son compatriote samedi soir en prime time, pour une demi-finale dont rêvent sans doute les organisateurs. Cinq autres Français sont engagés en 1/16è de finale mardi : Benjamin Aubert, Christophe André, Auguste Dussourd, Baptiste Masotti et Sébastien Bonmalais (les deux derniers cités étant opposés).

Après avoir participé au tournage des teasers ensemble, Mathieu Castagnet et Grégoire Marche se retrouveront-ils sur la scène du théâtre Graslin, mais cette fois sur le court vitré ? (Crédit photo : Miklphotos.fr)

Chez les femmes, Fiona Moverley remet son titre en jeu. L'Anglaise, qui avait remporté à Nantes le plus grand titre de sa carrière face à Nele Gilis (voir le blog du 11 septembre 2017), pourrait retrouver la Belge en demi-finale. La tête de série n°1 et favorite du tournoi est Emily Whitlock. N°12 mondiale en 2017, elle a connu quelques soucis physiques depuis. Si les meilleures Françaises sont absentes en raison du championnat du monde, on suivra le parcours de Chloé Mesic, ainsi que Marie Stéphan et Julia Le Coq. Ces deux jeunes ont passé les quatre dernières années en université Américaine et souhaitent se lancer sur le circuit international. Philippe Signoret croit « beaucoup en cette génération, qui représente l'avenir de l'équipe de France. Avec Mélissa Alves, ce sont des filles qui ont fait des podiums au championnat d'Europe junior. »

--- Comme nous l'évoquions plus haut, Grégory Gaultier et Camille Serme avaient choisi de disputer un tournoi exhibition aux États-Unis plutôt que le championnat d'Europe la semaine dernière. Battu par Ali Farag dans son premier match de poule, le "French General" est ensuite monté en puissance : après deux victoires contre James Willstrop et Tarek Momen, il a pris sa revanche face au numéro 2 mondial en finale (3 jeux à 1). De son côté, Serme a certes gagné un seul de ses quatre matches (face à la jeune Américaine Reeham Sedky), mais pour Philippe Signoret, elle a « pu prendre du rythme, » avec notamment deux défaites en cinq jeux face à Raneem El Welily et Joelle King. « Camille en a profité pour tenter de nouvelles choses qui lui serviront pour la suite de la saison. » Les deux leaders du squash hexagonal seront à Shanghai cette semaine pour l'open de Chine (voir Les rendez-vous squash de la semaine).

Après avoir été battu en match de poule par Ali Farag, Grégory Gaultier a pris sa revanche en finale du tournoi exhibition de Bellevue (Crédit photo : PMI Bellevue Squash Classic)

--- Après les épreuves individuelles, c'était au tour des équipes aux Jeux d'Asie en Indonésie. Grosse surprise chez les femmes : la Malaisie, vainqueur des deux premières éditions et qui avait l'équipe la plus forte sur le papier, est tombée contre l'Inde en demi-finales. Après la victoire de Joshna Chinappa face à Nicol David (11-9 au 5ème jeu), Dipika Pallikal a enfoncé le clou contre Low Wee Wern. Mais les Indiennes n'ont pas confirmé le lendemain, s'inclinant face au Hong Kong d'Annie Au. Scénario inverse chez les hommes : après deux médailles d'argent en 2010 et 2014, la Malaisie a renversé le favori Hong Kong. Après la défaite initiale de Ivan Yuen face à Tsz Fung Yip, Nafiizwan Adnan a remis les deux pays à égalité en dominant Max Lee, avant que le jeune Eain Yow Ng (champion du monde junior 2016) ne remporte la plus grande victoire de sa carrière en dominant nettement Leo Au, pourtant médaillé d'or la semaine dernière en individuels.

Eain Yow Ng (ici étreint par son coéquipier Mohd Syafiq Kamal) a donné le titre à la Malaisie aux Jeux d'Asie (Crédit photo : Squash Racquets Association of Malaysia)

--- « A highly agressive amount of squash, » telle est la formule en VO utilisée avec humour par Amanda Sobhy pour qualifier le programme chargé des championnats Pan-Américains, qui se déroulaient aux Îles Caïmans. En l'espace d'une semaine, l'Américaine a remporté le simple, le double et la compétition par équipes (en finale contre sa sœur cadette Sabrina dans le premier cas, puis à ses côtés ensuite). Diego Elias s'est imposé sans surprise dans le simple hommes, alors que Miguel Angel Rodriguez avait fait l'impasse. Le Colombien a quand même gagné le double mixte avec Catalina Pelaez, avant de s'incliner en finale contre le Mexique dans la compétition masculine par équipe.

Les sœurs Sobhy - Amanda et Sabrina - ont passé une belle semaine aux championnats Pan-Américains (Crédit photo : Amanda Sobhy)

Les rendez-vous squash de la semaine

--- Même si les caméras de SquashTV seront à Nantes la semaine prochaine (voir plus haut), le plus gros tournoi en termes de prize money a lieu à Shanghai. Juste avant le championnat du monde par équipe qui aura également lieu en Chine, toutes les meilleures joueuses s'y sont donnés rendez-vous ! Camille Serme affrontera en 1/8è de finale Alison Waters ou Hania El Hammamy alors que les quarts de finale théoriques sont le suivants : El Sherbini - Gohar, King - Serme, El Tayeb - Perry et Massaro - El Welily. Même si le top 4 du squash mondial 100 % Égyptien n'est pas présent, le tableau est également relevé chez les hommes avec sept joueurs du top 15. Grégory Gaultier débutera contre Mohamed Reda ou Adrian Waller, alors que parmi les autres prétendants à la victoire on peut citer Simon Rösner, Miguel Angel Rodriguez et Paul Coll. 

Avec son court vitré installé sur le toit de l'hôtel Peninsula à Shanghai, le cadre de l'open de Chine est l'un des plus spectaculaires sur le circuit (Crédit photo : PSA World Tour)

Dans le même temps, la 10ème édition des championnats du monde universitaires débutent jeudi à Birmingham. À l'heure où nous écrivons ces lignes, on ne connait pas la composition du groupe France. Tsz Fung Yip défendra son titre chez les hommes, mais pas Low Wee Wern, la Malaisienne étant engagée aux Mondiaux par équipe avec sa sélection.