Cap sur l'Afrique du Sud

La délégation du Jardin Squash Club au complet, ici en compagnie de Craig Van der Wath (Crédit photo : Jardin Squash Club) 

Gros plan : Trois Réunionnais en vadrouille à Jo'Burg

Semaine exceptionnelle pour trois jeunes Réunionnais : leur entraîneur au Jardin Squash Club Matthieu Huin les a emmenés disputer le South African Junior Open à Johannesburg. Récit d'une belle aventure.

La particularité des DOM-TOM est qu'ils sont plus proches d'autres continents que de la métropole. C'est ainsi que trois jeunes du Jardin Squash Club à Saint-Denis de La Réunion, leur entraîneur Matthieu Huin et trois accompagnants ont effectué le court déplacement à Johannesburg la semaine dernière, pour y disputer le South African Junior Open. Comment ce projet a-t-il pris forme ? « Un peu par hasard, » raconte Huin. « J'ai vu passer l'affiche sur Facebook, du coup j'ai regardé les prix des billets, relativement abordables. J'en ai ensuite parlé aux parents, restait à convaincre ceux qui étaient partants que leur enfant allait louper la rentrée scolaire (rires). Mais attention, ce déplacement ce n'était pas du tout des vacances, l'objectif était de disputer un tournoi. C'était d'ailleurs ça le plus gros défi, parvenir à les mobiliser sur le squash pendant une semaine, et je pense qu'on y est parvenus. » Car même si la compétition s'est déroulée le weekend dernier, la troupe des Jardiniers avait pris ses quartiers dans la capitale Sud-Africaine dès le dimanche précédent, principalement pour s'acclimater à l’altitude (1650 m). « Les jeunes ont eu beaucoup de mal à respirer le premier jour, puis ça a été de mieux en mieux. Il leur a fallu également s'habituer aux balles spécifiques, que je n'avais jamais vues auparavant et dont le rebond est complètement différent. » Après quelques jours consacrés à l'entraînement mais aussi aux visites (le musée de l'apartheid, le mythique Wanderers Club et surtout un safari « fabuleux au parc Pilanesberg, 550 kilomètres carrés et des animaux en liberté autour des voitures. »), le tournoi pouvait commencer au Parkview Squash Centre, « une belle structure, avec 11 courts, » qui accueille régulièrement des tournois du circuit PSA. « L'entraîneur du club est Craig Van der Wath, » précise Huin. « Il a été 31ème mondial et plusieurs fois champion du monde vétérans, la dernière chez lui en 2016. Concernant les pays représentés, il y avait l'Afrique du Sud évidemment, les pays voisins (Zimbabwe, Botswana, Namibie), quelques Américains, et nous. Je pense qu'ils étaient contents car c'est peut-être la première fois que des Européens participent au tournoi. Rien à redire sur l'organisation, les matches étaient à l'heure et on savait toujours à l'avance sur quels courts les matches allaient se dérouler. » Côté court justement, quel est le bilan pour les trois jeunes Réunionnais ? « Thomas Mauras (champion de France en titre) a terminé deuxième en -11 ans. Très bon tournoi pour lui, il a battu les deux meilleurs jeunes Sud-Africains de cette tranche d'âge avant de s'incliner en finale en 4 jeux contre un Bostwanais. Le comptage en 15 points (utilisé dans cette catégorie) ne lui a pas été favorable contre un adversaire bien plus grand et puissant. En -15 ans, Baptiste Legrand termine 22ème. Il a eu un accident de moto il y a trois mois et n’a pas beaucoup joué depuis. Ça été dur physiquement pour lui, mais il a tout de même gagné deux matches sur cinq en affichant une belle combativité. Enfin, en -17 ans, Yann Hoarau – qui a fêté ses 16 ans pendant le tournoi - a décroché la 9ème place. Après s'être incliné de justesse en 1/8è de finale, il a remporté tous ses matches, dont un en étant mené 2 jeux à 0 puis 10-7 au cinquième jeu. Il confirme ses progrès. »

Avec bien évidemment le tournoi mais aussi quelques visites marquantes, les jeunes Réunionnais ont vécu une semaine inoubliable à Johannesburg (Crédit photo : Jardin Squash Club)

Sur un plan plus général, Huin estime que le niveau était « bon mais inférieur à celui d'un gros tournoi en Europe. » Même si la situation dans le pays a énormément évolué depuis la fin de l'apartheid, l'entraîneur du Jardin a remarqué que « la plupart des jeunes Sud-Africains étaient blancs. Les enfants noirs venaient plutôt des pays voisins, et certains font parfois avec les moyens du bord : par exemple, le vainqueur du tableau -11 ans a commencé sa demi-finale avec des baskets de ville avant d'emprunter les chaussures de squash d'un de ses camarades qui avait terminé son match. » Au final, l'expérience aura été « géniale et enrichissante, j'envisage déjà de la réitérer. Notamment pour Thomas, dont le programme sera chargé en 2018-2019, mais j'aimerais y ajouter le petit Robin Lassaux (NDLR : demi-finaliste du championnat de France -13 ans en 2017). Il a été blessé pendant huit mois, mais avec son retour on va avoir deux jeunes qui peuvent viser un podium national. » Arrivé il y a moins d'un an en provenance de Strasbourg pour reprendre un club « historique de la Réunion où tout était à reconstruire, », Matthieu Huin juge l'expérience « formidable pour l'instant. J'ai la chance d'être entouré de gens passionnés et dynamiques, et l'année a été exceptionnelle sportivement : le titre de Thomas, ce déplacement en Afrique du Sud, le lancement d'un futur projet d'échange avec Thierry Lincou à Boston, la montée de l’équipe 2 en 1ère division régionale, etc. Bref, que du positif ! » Quand il parle de l'île en général, le vice-champion +35 ans 2017 évoque « une terre de sport, ici tout le monde en fait ! Tous les Réunionnais connaissent le squash, et la notoriété de Thierry Lincou y est très forte. Il n'y a peut-être plus autant de titres en championnat de France jeunes que par le passé, mais les résultats restent exceptionnels pour un caillou de moins d'un million d'habitants. Surtout qu'ils ne reposent par sur un ou deux jeunes comme ça peut être le cas dans d'autres Ligues, et on retrouve régulièrement des jeunes Réunionnais dans les différentes équipes de France. Chaque club possède un entraîneur diplômé, quelle autre région peut en dire autant ? C'est une autre culture, les enfants terminent l'école à 15h30, du coup ils peuvent venir au club tous les jours et non pas seulement le mercredi ou le samedi comme en métropole. Pour un entraîneur, c'est un luxe. »

Les autres news de la semaine du squash

-- Dans quelques semaines, les Bleues du squash et leur entraîneur Philippe Signoret seront en Chine, afin de disputer le championnat du monde par équipe (11-16 septembre). Pourront-elles rééditer leur exploit d'il y a deux ans, lorsqu'elles avaient décroché à Paris leur première médaille mondiale (en bronze, voir le blog du 7 décembre 2016) ? Pour mettre toutes leurs chances de leur côté, Camille Serme et ses camarades (Coline Aumard, Énora Villard et Mélissa Alvès, soit quatre joueuses de Créteil) ont effectué plusieurs stages de préparation ensemble : en Île-de-France, à Monaco et depuis quelques jours au Pays Basque. En ce qui concerne la reprise de la compétition, Serme a choisi de ne pas briguer un septième titre consécutif au championnat d'Europe (Aumard, Villard et Alvès seront elles en Autriche à partir du 29 août) : elle disputera tout d'abord un tournoi exhibition aux États-Unis à Bellevue (27-31 août), puis un open de Chine ultra-relevé (5-9 septembre), l'intégralité du top 10 mondial étant présent à Shanghai !

L'équipe de France féminine - ici en compagnie de l'ancienne championne du monde de handball Valérie Nicolas - est depuis quelques jours en stage de préparation au Pays Basque (Crédit photo : Les Bleues du Squash Destination Chine)

--- Après avoir examiné les candidatures, la Fédération Internationale (WSF) a annoncé hier que le championnat du monde par équipe féminin resterait en Asie, pour prendre la direction en 2020 de la Malaisie (pays dans lequel il avait eu lieu pour la dernière fois il y a 24 ans). Cette 22ème édition se déroulera du 15 au 20 décembre 2020 au Bukit Jalil National Squash Centre à Kuala Lumpur, qui avait été inauguré pour les Jeux du Commonwealth en 1998. « L'engouement pour le squash est extrêmement élevé en Malaisie, » a déclaré le président de la WSF Jacques Fontaine, « ainsi que la couverture médiatique. Si l'on ajoute l'accueil chaleureux que les équipes recevront et l'organisation sans faille, ce championnat du monde sera un autre évènement très attendu après celui qui aura lieu en Chine le mois prochain. » Source : World Squash

--- Il y a quelques jours, Geoffrey Demont a annoncé qu'il mettait un terme à sa carrière de joueur de squash professionnel. Le natif de Saint-Germain-en-Laye a démarré il y a deux ans des études de kinésithérapie, et avait tenté depuis de concilier les deux activités simultanément. « C'est très frustrant de jouer sans être à 100 % de ses capacités, » raconte-t-il sur sa page Facebook. « C'est la raison pour laquelle j'ai pris cette décision, mais au moins j'aurais essayé. » Sa carrière en un clin d’œil ? Champion de France en jeunes en 2004 et 2006, numéro 5 français de 2014 à 2017, médaillé de bronze au championnat de France 2017, vainqueur de 2 tournois sur le circuit PSA (en 8 finales), et surtout champion d'Europe avec l'équipe de France en 2015. « J'ai en effet eu la chance de savoir quel sentiment cela procure lorsqu'on gagne ces titres. La chose qui m'a rendu le plus fier, c'est de représenter mon pays. Mes neuf années sur le circuit international ont été une expérience unique, notamment car j'ai eu l'opportunité de découvrir tellement d'endroits dans le monde entier. J'aimerais particulièrement remercier Thomas Adriaens et Renan Lavigne, pour leur aide et la confiance qu'ils m'ont accordé. Le squash est ma passion, et je vais continuer à faire de mon mieux pour contribuer à son développement : ce sport mérite d'être reconnu à sa juste valeur. »

Geoffrey Demont a porté fièrement les couleurs de l'équipe de France tout au long de sa carrière, comme ici lors de la finale du championnat d'Europe 2016 (Crédit photo : EuroSquash2016)

Les rendez-vous squash de la semaine

--- Un seul tournoi PSA est programmé dans les jours à venir, à Shepparton (5 500 $). Battu par Rex Hedrick à Melbourne puis à Bega (en finale puis en demi), Dimitri Steinmann va tenter d'ouvrir son compteur lors de cette tournée Australienne. Le principal adversaire du Suisse sera le Néo-Zélandais Evan Williams.

Il y a quatre ans, Nicol David (à droite) avait remporté les Jeux d'Asie aux dépens de sa compatriote Low Wee Wern, qui n'a pas été retenue pour l'épreuve individuelle cette année (Crédit photo : Kamarul Ariffin/ The Star)

Mais le principal évènement de la semaine, ce sont les Jeux d'Asie à Jakarta, dont les épreuves de squash individuelles se déroulent de jeudi à dimanche. Nicol David n'a connu qu'une défaite en cinq éditions et sera favorite pour décrocher une cinquième médaille d'or. La Malaisienne n'avait que 15 ans lorsqu'elle a remporté la première ! « Je me souviens encore de ces Jeux d'Asie en 1998, » disait-elle il y a quelques semaines dans le quotidien The Star. « Ça a été le tournant de ma carrière, qui a décollé par la suite. » Après de très nombreuses années de partenariat avec Prince, Nicol David joue depuis 2017 avec une raquette de squash Wilson Blade Countervail, disponible sur My Squash. Ses principales challengers seront Annie Au (Hong Kong, finaliste en 2010), et les Indiennes Chinappa et Pallikal Karthik. Chez les hommes, on sait déjà que le vainqueur sera sacré pour la première fois : médaille d'or surprise il y a quatre ans après un parcours extraordinaire, Abdullah Al Mezayen est absent. Battu d'extrême justesse par le Koweiti en Corée du Sud, Saurav Ghosal fait figure de favori logique. Mais la concurrence sera rude avec les joueurs de Hong Kong - Max Lee et Leo Au - le jeune Abdulla Al Tamimi (Qatar) et Nafiizwan Adnan. Les épreuves par équipe auront lieu la semaine prochaine.