Nour El Sherbini et Ali Farag s'imposent à Chicago

Gros plan : Farag et El Sherbini portés par le vent

Un an après y avoir été sacrés champions du monde, Ali Farag et Nour El Sherbini ont à nouveaux brillé à Chicago en remportant le Windy City Open. Les deux Égyptiens ont eu besoin de cinq jeux pour venir à bout de Paul Coll et Raneem El Welily en finale.

Paul Coll abordait la finale avec le plein de confiance après avoir battu Mohamed El Shorbagy - sa première victoire sur le patron du squash mondial - et Karim Abdel Gawad, alors qu'Ali Farag n'avait pas perdu un jeu en 4 matches à Chicago. Cette série a pris fin lorsque le Kiwi a remporté deux premières manches très serrées, mais ce dernier allait payer les efforts consentis par la suite. Petit à petit, Farag a pris le contrôle du match, égalisant à 2-2 puis survolant le 5ème jeu contre un Coll marqué physiquement. L’Égyptien remporte ainsi son premier titre depuis l'US Open en octobre dernier. « Après le deuxième jeu, j'ai dit à Nour [El Tayeb, son épouse] que je sentais que je pouvais faire tourner le match, » a-t-il déclaré lors de la remise des prix. « La semaine a été excellente pour moi, et je suis fier de ce que j'ai fait. Je dédie cette victoire à mon frère et son épouse (NDLR : qui ont perdu leur fils il y a quelques mois). Je remercie Karim Darwish qui me pousse à toujours croire en moi, mes parents qui se sont levés toutes les nuits pour regarder mes matches et bien sûr Nour qui est une grande source d'inspiration pour moi. » 2019-2020 continue d'être une saison extraordinaire pour Nour El Sherbini. Celle que l'on surnomme la "Warrior Princess" avait remporté début novembre une quatrième couronne de championne du monde - à seulement 24 ans - après cinq mois hors des courts à cause d'une blessure au genou dont elle n'est toujours pas complètement remise. Après sa finale perdue face à Camille Serme au Tournoi des Champions, le Windy City Open était seulement son troisième tournoi de la saison. Malade toute la semaine, elle s'est néanmoins hissée en finale (en prenant notamment sa revanche contre la Française, voir ci-dessous). Opposée à sa rivale et amie Raneem El Welily (trois fois vainqueur à Chicago), El Sherbini a viré en tête avant que sa compatriote n'égalise à 1-1. Un festival de coups gagnants lui a permis de repasser devant, mais la championne du monde a commencé à ressentir la fatigue dans le quatrième jeu et en début de cinquième. Elle a néanmoins continué à se battre, au point de se procurer de se procurer trois balles de match. La troisième sera la bonne, et elle pouvait lever les bras pour la première fois dans la cité du vent. « Je suis soulagée que ce soit fini car la semaine a été très dure pour moi. » a-t-elle déclaré. « Mais je suis très heureuse de remporter enfin ce titre, l'un de seuls qui manquait à mon palmarès. »

Nour El Sherbini ont célébré à leur manière leur victoire à Chicago (Crédits photo : Windy City Open)

Côté Français, Camille Serme n'aura donc pas réalisé le doublé Tournament of Champions/Windy City Open, alors qu'un succès à Chicago lui aurait permis de se rapprocher de la première place mondiale. Opposée à Nour El Sherbini en quart de finale, la Française a mené largement dans la majorité des jeux, mais n'est pas parvenue à capitaliser. Peut-être n'avait-elle pas totalement récupéré de son combat épique de la veille, remportée en 81 minutes face à Hania El Hammamy. C'est en tous les cas l'une des explications avancées par Philippe Signoret. « Une journée de repos aurait été la bienvenue mais Chicago ne la proposait pas cette année, » glissait  son entraîneur avec quelques heures de recul. « Face à une Nour El Sherbini qui ne semblait plus souffrir de son genou, Camille a lutté comme toujours, mais il manquait quelque chose. Après les deux premiers jeux perdus, notre Française a cherché des solutions, mais beaucoup d’imprécisions lui ont compliqué la vie. Quelques mauvais choix tactiques ont permis à Nour de la faire travailler physiquement et de réveiller les douleurs dues au match de la veille ... Dans le troisième jeu et surtout le quatrième jeu, Camille a réussi prolonger les échanges pour amener El Sherbini dans la filière qu’elle n’aime pas. Nour montrait de plus en plus en plus de signes de fatigue, et le match s’est peut-être joué à 8-4, lorsqu'une video review bien longue lui a permis de récupérer et de repartir au combat. On sait que la moindre ouverture est sanctionnée par l'Égyptienne, c'est ce qui s'est passé sur le retour de service à 9-8 et Camille ne s'en relèvera pas. Place aux soins avant le départ pour le Caire en fin de semaine (voir Les rendez-vous squash des deux prochaines semaines), où nous attendent d'autres combats. » Recap express des résultats des autres Français à Chicago : proche d'un retour à son meilleur niveau, Mathieu Castagnet (n°22 mondial depuis hier, soit son meilleur classement depuis 3 ans) est sorti vainqueur d'un match « d'anthologie » (dixit l'entraîneur national Renan Lavigne) face à Saurav Ghosal (n°13) avant de subir la loi de Karim Abdel Gawad (n°4) en 1/8è. Quel comeback pour Mélissa Alves (n°35), menée 2-0 puis 10-7 dans le troisième jeu avant d'écarter Zeina Mickawy (n°23) au premier tour. La Guyanaise a ensuite mené la vie dure à Sarah-Jane Perry (n°7) en 1/16è. Coline Aumard (n°33) s'est également inclinée à ce stade de la compétition face à Salma Hany (n°13), tout comme Grégoire Marche (n°14) - face à Joel Makin, désormais membre du top 10 - et Grégory Gaultier. Le French General avait battu Omar Mosaad (n°17) en 5 jeux à New York, mais le scénario s'est malheureusement inversé cette fois-ci. En 1/32è de finale, Baptiste Masotti (n°40) et Lucas Serme (n°38) avaient eu des opportunités, mais ont dû s'incliner face à des joueurs mieux classés – Nicolas Müller (n°32) et Daryl Selby (n°25).

Camille Serme avait battu Nour El Sherbini à New York, mais l’Égyptienne a eu sa revanche à Chicago (Crédit photo : Nathan Clarke)

Les français sur le circuit international

--- Avant le Windy City Open, plusieurs Français avaient disputé des tournois sur le circuit international ces dernières semaines. La performance marquante est à mettre au crédit de Mathieu Castagnet, vainqueur de Joel Makin (n°11 mondial) à Toronto (Silver) avant de s'incliner face à Paul Coll en 3 jeux très disputés en demi-finale. Bon résultat également pour Baptiste Masotti, tombeur de l'Allemand Raphael Kandra au premier tour puis battu par le fantasque Mazen Hesham en 4 jeux. Victor Crouin avait été sorti d'entrée par un Borja Golan revigoré, comme il allait le montrer quelques jours plus tard dans l'Illinois. Engagés sur des tournois 6 000 $ (au Canada et en Angleterre), Edwin Clain et Fabien Verseille ont passé un tour avant de s'arrêter en quart, face à Tristan Eysele et Robert Downer. Même chose pour Énora Villard à Cincinatti (Bronze), qui après une succès convaincant face à Cindy Merlo n'a rien pu faire face à Tinne Gilis en 1/8è de finale. Enfin, Marie Stéphan s'est lourdement inclinée au premier tour à Calgary (20 000 $) face à Anna Kimberley, mais la durée du match (15 minutes) semble indiquer que la Française souffrait d'un problème physique. 

Benjamin Aubert a vécu une semaine qu'il n'oubliera pas à Détroit (Crédit photo : Motor City Open)

Les classements mondiaux de mars ont été publiés il y a quelques jours par la PSA. Chez les hommes, le top 5 est inchangé, avec un Mohamed El Shorbagy toujours en tête. Le yo-yo continue entre Simon Roesner et Diego Elías, alors que Joel Makin intègre le top 10 pour la première fois de sa carrière. Le dernier Gallois qui avait fait partie de ce cercle fermé était David Evans, en 2002. Côté Français, si Grégoire Marche perd deux rangs (16è), Mathieu Castagnet atteint son plus haut depuis 3 ans (22è). C'est un meilleur classement en carrière pour Sébastien Bonmalais (65è) et Benjamin Aubert (57è). Ce dernier récolte les fruits de son bon parcours à Détroit et intègre le top 60. Chez les femmes, aucun changement dans le top 10 mondial : Camille Serme est toujours 3ème, alors que Raneem El Welily est au sommet de la pyramide pour le 16è mois consécutif. Yathreb Adel (15ème) et Tinne Gilis (19ème) atteignent leur meilleur classement. Du côté des autres Françaises du top 100, c'est également le statu quo ou presque (Coline Aumard 36è, Mélissa Alves 37è, Énora Villard 51è et Marie Stéphan 85è).

L'actu du squash en France

--- L'édition 2020 de l'open de France junior de squash, qui s'est déroulée du 20 au 23 février au club du WAM à Lille, a souri aux jeunes Tricolores avec 8 médailles ! Melvil Scianimanico s'est imposé en -15 ans dans une finale 100 % Bleue face à son grand rival Antonin Romieu, alors que Macéo Levy a confirmé ses progrès récents en décrochant le titre en -17 ans face au Suisse Tate Harms. Il y a également eu du bronze pour Amir Khaled (-13 ans), Lauren Baltayan (-15 ans), Zoé Faure (-17 ans), Laouenan Loaëc (-17 ans) et Toufik Mekhalfi (-19 ans). Que faut-il retenir de cette édition à part cette belle moisson du pays hôte ? L'Indien Yosh Fadte et la Franco-Suisse Ambre Allinckx ont tenu leur rang de favori en -19 ans, alors que la catégorie -13 ans a été dominée par les Égyptien(ne)s. Après s'être imposée en -13 ans en 2018, l'Anglaise Amelie Haworth a récidivé en -15. Enfin, il faut noter les très bons résultats de la délégation Russe, qui repart avec 4 médailles dont le titre d'Olivia Besant en -17 ans. Quelques jours plus tard, Antonin Romieu a remporté le German Junior Open, son troisième titre sur le circuit européen et le premier en -15 ans. En finale, il a battu l'Égyptien Mahmoud Taher, 3 jeux à 0. Sur les treize Bleus présents en Allemagne, 9 ont fini dans le top 10 de leur catégorie respective.

Melvil Scianimanico et Macéo Levy ont remporté l'open de France junior dans leur catégorie (-15 ans et -17 ans) à Lille (Crédits photo : Christian Lortat)

En bref

--- Après celui réalisé en 2018-2019 (voir le blog du 3 mars 2019), Victor Crouin va-t-il réaliser un nouveau carton plein dans le championnat universitaire Américain de squash ? Déjà vainqueur de la saison régulière (dont il a été nommé meilleur joueur) et des phases finales avec son équipe d'Harvard, le jeune Français, qui sera tête de série n°1, va tenter de conserver le titre individuel ce weekend à Philadelphie (premier tour ce vendredi). Dans sa partie de tableau, on retrouve 3 Égyptiens : Aly Abou El Einen (Penn), son équipier à Harvard Saadeldin Abouaish, vice-champion du monde junior 2016, et le redoutable gaucher Youssef Ibrahim (Princeton). Le bas du tableau est également très fourni : encore des Égyptiens, Marwan Tarek (Harvard), Omar El Torkey et Aly Hussein (Virginia), l'Anglais Ashley Davies, le Finlandais Miko Aijanen, et l'Américain Andrew Douglas, dernier joueur à avoir battu Victor en championnat universitaire il y a plus d'un an.

Vainqueur de l'épreuve par équipe le weekend dernier avec Harvard, Victor Crouin (au deuxième rang, au centre), va tenter de conserver son titre en individuels (Crédits photo : mtbello.com)

Les rendez-vous squash des deux prochaines semaines

--- Quelques jours après l'épilogue du Windy City Open, les joueurs Français seront de retour sur le circuit international du squash ce weekend. Pour les femmes, le Black Ball Open (180 000 $) démarre dimanche au Caire, avec pour la première fois quatre Tricolores dans le tableau principal d'un tournoi Platinum. Dommage que le tirage au sort n'ait pas été clément pour elles : non seulement Énora Villard et et Mélissa Alves se rencontrent en 1/32è de finale, mais la gagnante affrontera Camille Serme au tour suivant. Si la logique du classement est respectée, la numéro 3 mondiale retrouvera ensuite une certaine Hania El Hammamy (n°10) en 1/8è de finale, et en cas d'issue favorable Amanda Sobhy (n°8) en quart, puis Nouran Gohar (n°2) en demi-finale. Dans le haut du tableau, on retrouve Nour El Sherbini et Raneem El Welily (respectivement vainqueur et finaliste du Windy City Open), mais aussi Nour El Tayeb. De son côté, Coline Aumard (n°36) a un premier tour à sa portée face à la Hongkongaise Tong Tsz-Wing (n°50). Si elle s'impose, la joueuse d'Annecy se mesurera à nouveau à Salma Hany (n°13), qui l'a battue en 3 jeux au même stade de la compétition à Chicago.

Après le championnat du monde en 2019, le Windy City Open est de retour à l'University Club de Chicago (Crédit photo : Windy City Open)

Chez les hommes, le Canary Wharf Classic est un tournoi Gold aux allures de Platinum, avec 16 joueurs du top 20 mondial ! Le tirage au sort a également accouché d'un premier tour 100 % Tricolore entre Grégoire Marche (n°16) et Mathieu Castagnet (n°22), qui aime particulièrement ce tournoi (il y avait remporté le plus grand titre de sa carrière en 2016 et atteint le dernier carré l'an dernier). Le vainqueur de ce match (disputé au meilleur des 3 jeux) affrontera le numéro 1 mondial Mohamed El Shorbagy lundi en 1/8è de finale.

Prochain rendez-vous pour l'actu squash le mardi 17 mars, avec les résultats du Black Ball Open et du Canary Wharf Classic.