Mathieu Castagnet : « On s'entraîne dur pour vivre de telles émotions »

Publié le : 31/03/2018 00:56:11

Mathieu Castagnet au Canary Wharf Squash Classic 2018

Deux ans après son succès au Canary Wharf, Mathieu Castagnet a renoué avec la victoire à l'open de Wimbledon, mettant ainsi à une longue période de blessures et de galères. Le numéro 2 français s'est confié à My Squash.

La célébration de Mathieu Castagnet après son succès à Wimbledon en disait long sur la joie ressentie (Crédit photo : Wimbledon Club Squash Squared Open)

Quelques jours avant Wimbledon, Mathieu avait été battu en qualifications à la Grasshopper Cup par l'Égyptien Mazen Hesham.

Je suis clairement passé à côté de ce match. J'ai manqué de combativité et j’ai rapidement baissé les bras, chose qui ne me ressemble pas. J’avais certainement mal digéré ma défaite face à Ben Coleman au Canary Wharf, qui a eu un impact négatif au niveau de la confiance. Ce match n’a pas été à la hauteur de mes espérances.

À Wimbledon, on a retenu ses victoires en demi et en finale contre James Willstrop et Tom Richards. Mais Mathieu a construit son succès lors des tours précédents.

Je pense sincèrement que ma revanche face à Ben Coleman a été la clé de ma réussite à Wimbledon. Ce match m’a permis de tirer un trait sur la défaite du Canary Wharf et de repartir sur des bases positives. J’ai fait preuve d'abnégation, je n'ai lâché aucun point, je me suis battu sans discuter et je bougeais très bien. J’étais même étrangement serein lorsque la situation semblait m’échapper. Concernant mon deuxième tour contre Youssef Soliman, c’est un joueur redoutable, très puissant et endurant. Il a été capable de battre Declan James (26ème joueur mondial) alors qu'il avait joué un match de 2 heures la veille ! Sa progression dépendra maintenant de sa rigueur à l’entraînement et sur les tournois.

Londres réussit bien à Mathieu Castagnet : deux ans après sa victoire au Canary Wharf, il a renoué avec le succès dans la capitale anglaise (en bas, en compagnie de Tom Richards) (Crédits photo : Squashmad, Mark Westwood)

Que représente cette victoire pour Mathieu, après une longue période de galère ?

C’est tout simplement une satisfaction personnelle : on s’entraîne dur au quotidien pour vivre des moments comme celui-ci. Pour connaître de telles émotions à nouveau, je serais prêt à revivre le calvaire que j'ai traversé pendant ces deux années ! Gagner des tournois de ce calibre n’est pas donné à tous les joueurs de squash, et lorsque ça vous arrive il faut savoir savourer. La persévérance a payé, et j’en suis fier aujourd’hui. Je remercie évidemment mes proches et mes entraîneurs, sans lesquels rien de tout cela ne serait possible.

De plus en plus de données et statistiques en temps réel sont mises à disposition des téléspectateurs pendant les matches de squash. Que pense Mathieu de cette évolution, et trouve-t-il la comparaison avec d'autres sports utile ?

En parallèle de ma carrière de joueur professionnel, j'ai obtenu mes diplômes d’entraîneur et enseigné le squash. En tant que tel, je me suis souvent étonné du manque de données recueillies sur nos athlètes et notre discipline. Cette culture n’a jamais été inculquée alors qu'elle est l’une des clés de la réussite. Depuis cinq ans, on recueille au quotidien des données me concernant, et je suis parfois très surpris des résultats. C'est un peu comme si on ouvrait un livre et qu'on se rendait compte que les choses qui nous arrivent ne sont jamais anodines. Les acteurs du squash doivent prendre conscience que ce travail est essentiel. On ne peut pas parler de planification, de performance, de quantification, de volume etc. sans recueillir puis analyser des données. Ça me rend perplexe de constater qu'on commence enfin à le faire, en 2018. Comment voulez-vous entraîner un athlète sans cet outil ? Comment savoir s'il progresse physiquement ? Ça revient littéralement à parler dans le vent. Concernant les autres sports, c'est sûr qu'il serait préférable de construire notre propre identité plutôt que de nous comparer à l’incomparable.

Le recueil et l'analyse des données fait partie du quotidien de Mathieu Castagnet depuis de nombreuses années (Crédit photo : Pôle France Squash CREPS PACA)

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