Lucas Serme : « Je suis très satisfait de ma saison 2017-2018 »

Lucas Serme, la zen attitude ... (Crédit photo : Anna Serme) 

Gros plan : Entretien avec Lucas Serme

Il a dû s'employer pour repousser les assauts de Christophe André et Benjamin Aubert, mais Lucas Serme a finalement remporté l'open national de Grenoble dimanche. Entretien express avec le numéro 4 Français.

PAS DE TOUT REPOS ! Favori du tournoi, Lucas s'est imposé à Grenoble mais avec deux matches en cinq jeux, en demi et en finale

Lucas Serme : Je sortais de deux grosses semaines d'entraînement (voir ci-dessous), donc ce tournoi était un bon test pour voir où j'en étais. Je n'étais pas au top, mais j'ai eu deux matches intéressants contre deux très bons joueurs, que j'ai réussi à faire craquer physiquement donc c'est plutôt bon signe.

DÉJÀ D'ATTAQUE ! Lucas a d'ores et déjà débuté sa saison 2018-2019

L.S.: J'ai fait un break après le British Open, mais de toute façon je ne coupe jamais très longtemps. Même si je pose la raquette pendant quelques jours, je continue à faire du sport. Reprendre plus tôt que d'habitude, c'est aussi parce qu'Anna (NDLR : sa femme, également joueuse professionnelle) et moi allons faire des tournois en juillet-août. Elle a terminé ses études et souhaite se lancer sur le circuit, mais a besoin de points pour monter au classement, du coup la tournée Australienne était une bonne solution. La dotation sur les tournois masculins est trop faible pour que je puisse les disputer, mais avant cela on sera en Malaisie mi-juillet et je participerai à un 35 000 $. Je n'ai pas de points à défendre sur cette période, ça peut donc être une belle opportunité.

LE CLASSEMENT JUSTEMENT ! Même s'il a incontestablement réalisé une très belle saison 2017-2018, il oscille toujours entre la 35 et la 45ème place mondiale. Des explications ?

L.S.: C'est chiant (rires) ! Je pense qu'en termes de niveau de jeu, j'ai progressé, et j'ai battu plusieurs joueurs bien mieux classés que moi (NLDR : Omar Mosaad, Borja Golan, Diego Elias). Des explications, il y en a sans doute plusieurs : je suis très satisfait de ma saison dans les gros tournois, avec deux 1/8è de finale en World Series et un autre au championnat du monde. J'aurais même pu franchir un cap supplémentaire en battant Gawad à El Gouna. La porte était ouverte (sic), mais j'ai mal géré quelques moments clé. En revanche, j'ai fait quelques contre-perfs dans les tournois moins importants, par exemple en Inde. J'étais tombé sur un joueur plus fort que moi ce jour-là (Mahesh Mangaonkar), mais c'est là que je dois progresser si je veux encore grimper dans la hiérarchie. Ensuite, le niveau est incroyablement dense à l'heure actuelle, donc on peut progresser dans le jeu tout en se maintenant au classement.

Le podium de l'open national de Grenoble, de gauche à droite : Benjamin Aubert, Lucas Serme et Christophe André (Crédit photo : Christophe André)

LA SAISON PROCHAINE, avec quelles ambitions ? 

L.S.: On se fixe toujours des objectifs en amont (en ciblant un classement, certains tournois), mais en pratique ils évoluent au fil de la saison. De mon côté, je souhaite continuer à être performant dans les « majeurs, » mais avec le nouveau système de tournois (voir le blog du 3 avril), il y a une incertitude. On en parle entre joueurs, et par exemple on ne sait pas trop quel tour on doit atteindre sur un tournoi donné pour se maintenir au classement.

LE CHANGEMENT C'EST MAINTENANT. À l'image de ce nouveau système, le squash vit actuellement une période d'innovation et d'essais. Déstabilisant ou excitant ?

L.S.: Effectivement, en ce moment on n'arrête pas de recevoir des mails de la PSA pour nous informer de telle ou telle nouveauté ! C'est plutôt une bonne chose car un sport doit sans cesse évoluer, mais il faut évidemment qu'il y ait un suivi. Personnellement, je ne suis pas fan de la formule en 2 jeux gagnants testée au Canary Wharf : les matches incroyables auxquels on a assistés au British Open sont pour moi l'essence du squash. Je suis conscient que les instances essaient de trouver la bonne recette en vue de la candidature olympique, notamment par rapport aux souhaits des diffuseurs. C'est normal, mais il faut un juste milieu. D'autre part, je suis favorable à la diminution des échanges entre les arbitres et les joueurs. On est là pour jouer, pas pour discuter avec eux ! Concernant la sanction dont ma sœur a été victime à Dubaï (NDLR : Camille Serme avait reçu un point de pénalité en demi-finale pour avoir ouvert la porte), elle était forcément au courant de cette nouvelle règle. Mais non seulement on peut l'oublier dans le feu de l'action, et surtout je pense que le moment était mal choisi car les World Series Finals, c'est un tournoi particulier avec un côté exhibition.

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Chez les femmes, la finale à Grenoble a été un véritable choc des générations entre deux joueuses de Mulhouse : d'un côté, Isabelle Stoehr (39 ans), 11 fois championne de France de squash et ancienne n°10 mondiale et de l'autre la Suissesse, mais de parents Français, Ambre Allinckx. Âgée de 16 ans, mais déjà demi-finaliste du championnat d'Europe -19, elle sera une recrue bienvenue pour le club Alsacien, qui a perdu son titre en Interclubs le weekend dernier. Allinckx a fait belle impression à Grenoble en sortant Maëlle Fuhrer (n°11 française) et surtout Charlotte Delsinne (n°7) en demi-finale. Mais en finale, c'est l'expérience qui a eu le dessus sur la jeunesse : après la perte du premier jeu, Stoehr a remporté le deuxième après un tie-break crucial, avant de s'envoler vers la victoire. C'est un retour gagnant pour la native de Tours, puisqu'elle n'avait pas disputé de tournoi depuis son succès à l'Île-Rousse en juin 2016. 

Les autres news de la semaine du squash

--- Camille Serme parcourt l'Europe de l'Est, en compagnie de Ramy Ashour : les deux stars de la discipline se sont d'abord rendues en Arménie, puis en Ukraine, dans le cadre du WSF Ambassador Programme. Lancée en 2011, cette initiative vise à contribuer au développement du squash dans les pays où il est encore peu connu, grâce à des séances avec des jeunes, des matches exhibition, des séminaires sur le coaching et l'arbitrage, et des conférences de presse. « Ces quelques jours à Erevan et Kiev ont été fantastiques, » indique Serme sur sa page Facebook. « Un grand merci aux personnes sur place pour leur accueil et leur enthousiasme. Nous espérons tous que le squash va continuer à grandir en Arménie et en Ukraine ! » Un tournoi 5 000 $ a d'ailleurs commence samedi à Erevan, et la finale aura lieu mercredi. 

Camille Serme, ambassadrice du squash en compagnie de Ramy Ashour en Arménie (Crédit photo : World Squash Federation)

--- Trois Français disputaient un tournoi sur le circuit international la semaine dernière. Au Pays de Galles (5 000 $), Énora Villard a vu son parcours s'arrêter en demi-finale après deux très gros combats : la joueuse de l'équipe de France avait remonté un handicap de deux jeux contre Cristina Gomez en quarts, avant de s'incliner en cinq jeux face à l'Anglaise Lucy Beecroft en 69 minutes. Chloé Mesic a été sèchement battue par la future lauréate Lisa Aitken en quart de finale. Même sort pour Victor Crouin en Nouvelle-Zélande (10 000 $), sorti en quarts par Ivan Yuen, qui allait ensuite remporter le tournoi. « Je pense avoir les capacités pour battre ce type de joueur, » affirme-t-il sur sa page Facebook. « Mais aujourd'hui, il a été beaucoup plus fort dans les moments importants. J'ai souvent couru après le score, ce qui rend la tâche difficile contre un joueur qui commet très peu de fautes. J'ai quelques jours devant moi pour analyser tout cela, m'entraîner et profiter du pays avant mon prochain tournoi (voir Les rendez-vous squash de la semaine). » Victor Crouin accorde de l'importance à tous les détails : il a choisi les chaussures de squash Salming Hawk, disponibles sur My Squash

Organisatrice du tournoi, la n°12 mondiale a remis son trophée à Lisa Aitken au Pays de Galles (Crédit photo : Bangor Classic)

--- Après sa nomination pour le titre de meilleur jeune de la saison 2017-2018, Victor Crouin continue d'être à l'honneur : la World Squash Federation et la Professional Squash Association ont annoncé le nom des huit joueurs et joueuses choisis dans le cadre du programme SquashFORWARD, et le Français en fait partie ! Âgés de moins de 23 ans, ils auront pour mission d'être les ambassadeurs de la discipline et d'incarner son avenir, notamment en vue de la candidature olympique. Crouin est en bonne compagnie avec la numéro 1 mondiale Nour El Sherbini (Égypte) et le Péruvien Diego Elías (co-présidents), ainsi que le Malaisien Eain Yow Ng, l'Américaine Marina Stefanoni, le Suisse Dimitri Steinmann, l'Ukrainienne Nadia Usenko et la Japonaise Satomi Watanabe. « Le squash a donné un sens à ma vie, » a déclaré le jeune Toulonnais, « et je souhaite lui rendre ce qu'il m'a donné, en faisant partie de ce groupe SquashFORWARD. J'espère que nous parviendrons à développer notre sport et à réaliser notre plus grand rêve : devenir une discipline olympique. »

--- Après son titre de champion de France Interclubs avec Aix il y a dix jours, Grégory Gaultier a récidivé en Pologne : le Français a remporté les play-offs avec son équipe de Kahuna. En finale, il a battu son compatriote Mathieu Castagnet (Varsovie), 3 jeux à 0. À signaler que cette compétition se déroule traditionnellement sur un court vitré installé en extérieur, mais que la finale a été rapatriée sur un court traditionnel en raison des conditions climatiques. 

Grégory Gaultier a remporté le championnat de Pologne par équipe le weekend dernier (Crédit photo : Polski Squash)

--- Les tableaux du championnat du monde junior de squash (18-23 juillet à Chennai en Inde) avaient été publiés la semaine dernière (avant d'être corrigés, suite à un problème technique). Vainqueurs en 2017, les Égyptiens Marwan Tarek et Rowan Reda Araby sont favoris pour conserver leur titre, et leurs principaux challengers sont des compatriotes (Mostafa Asal et Hania El Hammamy). Les quatre Français en lice ne sont pas têtes de série et commenceront donc en 1/64è de finale (112 participants). Voici leurs adversaires au premier tour : pour Edwin Clain, l’Écossais John Meehan, pour Adrien Douillard, le Malaisien Shahrul Izham Nurhaqiem, pour Toufik Mekhalfi, l'Australien Nicholas Calvert, et enfin pour Manuel Paquemar, un autre Australien, Jack Hudson. À signaler que la France ne compte pas de représentante dans le tableau féminin cette année, et que l'épreuve par équipe (garçons) aura lieu du 24 au 29 juillet.

Les rendez-vous squash de la semaine

--- Après son quart de finale à Invercargill, Victor Crouin continue sa tournée Néo-Zélandaise à Auckland (10 000 $). Tête de série n°4, le Toulonnais affronte un qualifié pour le premier tour. Il est rejoint par un autre Français, Enzo Corigliano, qui sera opposé à l'Irlandais Sean Conroy.

Traditionnel rendez-vous de fin de saison, l'open international de l'Île Rousse a commencé samedi dernier (Crédit photo : SiteSquash)

La 22ème édition du célèbre open international de l'Île Rousse a commencé samedi en Corse. Comme l'an dernier, Thierry Lincou (tête de série n°1 du tableau masculin) a emmené dans ses bagages une délégation de jeunes joueurs Américains. Les autres têtes d'affiche sont l'entraîneur de l'équipe de France de squash Renan Lavigne, l'insulaire Antoine-Camille Petrucci et Maud Duplomb, favorite chez les femmes. Joli tableau également au White Open du club Oxygène à Saint-Germain-en-Laye, avec Lucas Serme, Sébastien Bonmalais et Johan Bouquet.