Les Français sur le circuit PSA en 2019/20 : Mélissa Alves & Mathieu Castagnet

Publié le : 14/05/2020 21:32:28
Catégories : L'actualité du squash

Certes, quelques tournois initialement prévus en 2019-2020 ont été reprogrammés (pour l'instant) à la fin de l'été. Mais après cinq mois de coupure forcée, on peut considérer que c'est une nouvelle campagne qui commencera et la période actuelle est l'opportunité de dresser un bilan de la saison. Depuis quelques semaines, nous mettons un coup de projecteur sur les 14 joueurs et joueuses Français qui figurent dans le top 100 mondial. Cinquième épisode aujourd'hui, avec Mélissa Alves et Mathieu Castagnet.

Épisode 1 : Marie Stéphan & Sébastien Bonmalais

Épisode 2 : Auguste Dussourd & Benjamin Aubert

Épisode 3 : Énora Villard & Victor Crouin

Épisode 4 : Lucas Serme & Baptiste Masotti

MÉLISSA ALVES : « INQUIÉTER DAVANTAGE LE TOP 10 »

Mélissa Alves – 26 ans, n°36 mondiale (meilleur classement n°34 en décembre 2019), 5 titres sur le circuit PSA

Crédit photo : Mikphotos.fr

2019-2020 en chiffres (en PSA)

  • 10 tournois : 19 matches, 10 victoires/9 défaites (53 %)
  • Meilleur résultat : vainqueur de la Nash Cup (20 000 $)
  • Évolution au classement (depuis juillet 2019) : ↑ 8 places

Sa saison en un coup d’œil

Suite à une grosse préparation en compagnie de ses camarades du pôle France de Créteil, Mélissa Alves avait bien entamé sa campagne 2019-2020 avec une médaille de bronze au championnat d'Europe individuel. Après une défaite au premier tour à l'open de France dans un contexte particulier (face à une compatriote, Coline Aumard, et dans un match en 2 jeux gagnants), elle réalise une superbe tournée Nord-Américaine : victoire à la Nash Cup, son plus grand titre, puis deux succès sur des joueuses du top 30 (Millie Tomlinson et Milou van der Heijden) à San Francisco et l'US Open. Pas gâtée par le tirage au sort au championnat du monde, où elle s'incline au premier tour face à Nour El Tayeb, elle est ensuite contrainte à plusieurs semaines d'arrêt en raison d'une blessure à l'adducteur. Dommage pour la Guyanaise que la saison ait été interrompue alors qu'elle revenait à son meilleur niveau, à l'image de son parcours à Chicago : victorieuse de Zeina Mickawy après avoir sauvé plusieurs balles de match, elle s'incline certes 3-0 contre Sarah-Jane Perry mais avec deux tie-breaks. 

Mélissa Alves vue par … Mélissa Alves

« Je me sentais bien après la préparation estivale. La saison avait bien commencé, notamment avec ma victoire à la Nash Cup. J'étais certes tête de série n°1, mais la victoire face à Donna Lobban a donné une saveur particulière à ce titre. À l'US Open, je fais une perf au premier tour en et je perds contre une fille du top 10 (NDLR : Tesni Evans) sans avoir grand chose à me reprocher. Bref, ça s'annonçait bien et il y avait beaucoup de pistes de travail. Hélas, je me suis blessée à un mauvais moment car j'avais plusieurs échéances intéressantes à venir, par exemple Monaco. Non seulement ça a coupé mon élan, mais on peut même parler de retour en arrière : il faut reprendre ses habitudes au niveau musculaire, en termes de rythme etc. J'ai dû arrêter le squash pendant plus d'un mois et demi et j'ai repris moins de deux semaines avant le Tournament of Champions, c'était trop juste pour faire un résultat là-bas même si je fais un match correct contre Zeina Mickawy. J'ai fait le taf à Brooklyn, où je perds contre Nouran Gohar et au championnat de France en atteignant la finale. À Chicago, je prends ma revanche sur Mickawy et même si je perds 3-0 contre Sarah-Jane Perry je fais vraiment une bonne prestation. J'ai grappillé quelques places au classement cette saison, et je pense que ça aurait pu être encore mieux sans l'interruption. Je suis confiante en vue de la saison prochaine. Contre les filles du top 10 mondial, il faudra ne plus se contenter de faire un bon match mais essayer de les inquiéter davantage afin de se mettre en position de gagner : ce sera l'un des mes principaux objectifs. »

Comme ici face à Tesni Evans à l'US Open, Mélissa Alves a bousculé des joueuses du top 10 en 2019-2020 mais espère faire encore plus à l'avenir (Crédit photo : SquashSite)

L'avis du coach (Philippe Signoret)

« Hormis sa défaite au premier tour à l'open de France, Mélissa avait fait un très bon début de saison. Lors de son succès à la Nash Cup, en particulier sur sa demi-finale face à Donna Lobban remportée 3 jeux à 0, elle a évolué à son meilleur niveau. Sa blessure en novembre a été un coup d'arrêt : on en sourit quand on en parle ensemble, mais elle a en général une blessure par an et ça n'a pas manqué … Mélissa a quelques fragilités dues à sa posture, et elle manque de souplesse. Elle avait mis ce contretemps derrière elle avant l'interruption du circuit, à l'image de sa victoire contre Zeina Mickawy à Chicago. Même si elle est 36ème mondiale, elle bat régulièrement des joueuses classées entre 20 et 30. Pour avoir l'opportunité d'en rencontrer encore plus souvent, il faut avoir un peu de chance dans les tirages au sort. Et ne pas sur tomber sur Nour El Tayeb dès le premier tour, comme ça avait été le cas pour Mélissa au championnat du monde ... »

Le saviez-vous ?

En s'imposant à la Nash Cup (20 000 $) en septembre au Canada, Mélissa Alves était devenue la troisième joueuse Française à remporter un tournoi de cette catégorie (ou plus) après Isabelle Stoehr et bien sûr Camille Serme (ils sont cinq à avoir réalisé pareille performance chez les hommes, Thierry Lincou, Renan Lavigne, Grégory Gaultier, Mathieu Castagnet et Grégoire Marche). Même si sa position de tête de série n°1 faisait d'elle l'une des favorites du tournoi, la Guyanaise avait obtenue une victoire « référence » dixit son entraîneur Philippe Signoret en demi-finale face à Donna Lobban : si elle avait été épargnée par les blessures, la gauchère Australienne aurait fait partie du top 20 mondial sans interruption depuis 10 ans. 67ème en septembre, elle est déjà revenue au 22ème rang malgré cette fin de saison anticipée.

Mélissa Alves avait superbement commencé la saison avec un succès à la Nash Cup (Crédit photo : Nash Cup)

MATHIEU CASTAGNET : « PETIT À PETIT, J'AI RETROUVÉ UN TRÈS BON NIVEAU DE JEU »

Mathieu Castagnet – 33 ans, n°24 mondial (meilleur classement n°6 en mai 2016), 5 titres sur le circuit PSA

Crédit photo : Philippe Rochais

2019-2020 en chiffres (en PSA)

  • 9 tournois : 21 matches, 12 victoires/9 défaites (57 %)
  • Meilleur résultat : demi-finaliste de la Canada Cup (Silver, 79 500 $)
  • Évolution au classement (depuis juillet 2019) : ↑ 1 place

Sa saison en un clin d’œil

La saison de Mathieu Castagnet avait bien commencé avec un quart de finale à l'open de France. Le Français était même celui qui avait le plus bousculé le futur vainqueur, passant à deux points de la victoire contre Paul Coll. Fatigué émotionnellement et physiquement par la naissance de son premier enfant, Mathieu connaît une fin d'année 2019 en demi-teinte, même s'il limite la casse en passant systématiquement le premier tour des tournois. 2020 commence par une défaite frustrante face au jeune Malaisien Eain Yow Ng au Tournament of Champions, mais les semaines qui vont suivre sont tout simplement sa meilleure période depuis le printemps 2016 (qui avait été point de départ d'une longue série de blessures) : Mathieu s'offre 3 joueurs du top 16 mondial (Joel Makin, Saurav Ghosal et son compatriote Grégoire Marche), et réalise des prestations intéressantes contre des joueurs du top 5 mondial. Il passe même à deux points de la victoire face au n°1 Mohamed El Shorbagy au Canary Wharf Classic, après un match de très haut niveau.

Mathieu Castagnet vu par … Mathieu Castagnet

« La première partie de la saison a été marquée par la naissance de ma fille. Ça a été un moment extraordinaire, que je n'oublierai jamais. Ça nécessite une organisation complètement différente, mais ce n'est que du bonheur pour moi et ma famille. Sur le plan du squash, ça a été mitigé entre septembre et décembre. Mon premier adversaire sur le court, c'était moi-même : j'avais peur de me faire mal au moindre déplacement. Dans ce genre de situation on joue un peu comme un robot, et c'est compliqué d'avoir une stratégie claire. Certes, j'ai fait un bon résultat à l'open de France, mais j'ai bien failli passer à la trappe au premier tour. Disons que j'ai affronté des joueurs mieux classés et que la pression était plutôt sur eux, d'autant que contre moi ils ne savent pas trop à quoi s'attendre. Puis petit à petit, on a trouvé un équilibre avec mon épouse et ma fille, j'ai eu un meilleur raisonnement sur moi-même et j'ai pu me libérer un peu plus. À New York, même si j'ai perdu contre Ng je recommençais à jouer mon jeu et à bouger correctement. Puis de fil en aiguille, j'ai retrouvé un très bon niveau de jeu, qui m'a permis d'obtenir des résultats significatifs sur les trois derniers tournois. Dommage que la saison ait été interrompue, je pense que j'aurais pu réintégrer le top 20 mais j'espère que ce n'est que partie remise. Ce que j'ai montré me motive encore plus pour la suite. Certes, il faudra complètement se repréparer en vue de la reprise, mais avec toutes les blessures que j'ai eues ces dernières années j'ai pris l'habitude de repartir pratiquement de zéro. »

Mathieu Castagnet, en compagnie de son entraîneur Renan Lavigne à l'open de France (Crédit photo : Philippe Rochais)

L'avis du coach (Renan Lavigne)

« Mathieu avait bien démarré la saison à l'open de France, même s'il faut souligner que le format en 3 jeux est particulier. Il aurait pu battre Paul Coll sans deux décisions défavorables en fin de match. J'en ai parlé avec l'arbitre du match quelques temps après, et il m'a avoué avec honnêteté qu'il était d'accord avec cette analyse … Par la suite, l'arrivée de sa fille a été un choc émotionnel et a nécessité beaucoup d'adaptation. Mathieu est généralement très fort dans les fins de jeu grâce à sa combativité. Dans les semaines qui ont précédé et suivi la naissance, il a manqué de gnac lors de certains matches, mais en était le premier conscient. Il n'a pas coupé très longtemps pendant les fêtes de Noël, et cette période lui a permis de retrouver l'envie. On a également beaucoup travaillé sur l'analyse vidéo, et on a changé quelques petites choses qui se sont avérées bénéfiques par la suite. Sa défaite contre Eain Yow Ng à New York a été un facteur déclencheur, et l'a poussé à se rebeller. Les semaines qui ont suivies ont été très positives, avec trois victoires face à des joueurs du top 16 mondial. Mathieu est de retour à son meilleur niveau, ce qui a du même coup un impact psychologique sur ses adversaires : quand ils rentrent sur le court, ils savent que le match va être tout sauf facile. Étant donné sa belle dynamique, il fait partie des joueurs pour lesquels la fin de saison anticipée est frustrante. » 

Le saviez-vous ?

Voilà une statistique qui illustre le retour en forme de Mathieu Castagnet : avant sa défaite face à ce dernier à Toronto en février, Joel Makin n'avait pas perdu contre un joueur moins bien classé depuis ... janvier 2018 (et une défaite par abandon contre l'Anglais Ben Coleman) ! Mais il est vrai que si Mathieu est sorti du top 20 depuis plus de 3 ans, c'est en grande partie à cause de blessures récurrentes, notamment aux mollets. Après sa victoire sur le fil face au "French Warrior" au Canary Wharf Classic, le numéro 1 mondial Mohamed El Shorbagy déclarait à son sujet que « quand on a été un joueur de classe mondiale, ça ne disparaît comme ça ... » 

Avant l'interruption, Mathieu Castagnet (ici face à Grégoire Marche au Canary Wharf Classic) avait réalisé un superbe début d'année 2020 (Crédit photo : #SquashByThePyramids)

Mathieu Castagnet dispose d'une raquette signature, la raquette squash Black Knight Ion Cannon PS M.Castagnet 2020, disponible sur My Squash.

Dans le sixième épisode de notre série « Les Français sur le circuit PSA en 2019/20 », nous reviendrons sur la saison de Coline Aumard et Grégoire Marche. Rendez-vous vendredi prochain !

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