Les Français sur le circuit PSA en 2019/20 : Lucas Serme & Baptiste Masotti

Publié le : 07/05/2020 23:15:44
Catégories : L'actualité du squash

Certes, quelques tournois initialement prévus en 2019-2020 ont été reprogrammés (pour l'instant) à la fin de l'été. Mais après cinq mois de coupure forcée, on peut considérer que c'est une nouvelle campagne qui commencera et la période actuelle est l'opportunité de dresser un bilan de la saison. Depuis quelques semaines, nous mettons un coup de projecteur sur les 14 joueurs et joueuses Français qui figurent dans le top 100 mondial. Quatrième épisode aujourd'hui, avec Lucas Serme et Baptiste Masotti.

Épisode 1 : Marie Stéphan & Sébastien Bonmalais

Épisode 2 : Auguste Dussourd & Benjamin Aubert

Épisode 3 : Énora Villard & Victor Crouin

LUCAS SERME : « SAVOIR SAISIR LES OPPORTUNITÉS »

Lucas Serme – 28 ans, n°40 mondial (meilleur classement n°32 en octobre 2018), 7 titres sur le circuit PSA

Crédit photo : Lauranne Rochais

2019-2020 en chiffres (en PSA)

  • 10 tournois : 18 matches, 8 victoires/10 défaites (44 %)
  • Meilleur résultat : finaliste du South African Open (11 000 $)
  • Évolution au classement (depuis juillet 2019) : ↓ 5 places

Sa saison en un coup d’œil

Après une finale en Afrique du Sud en août (où il était tombé sur un impressionnant Youssef Ibrahim), Lucas Serme aurait pu lancer idéalement sa saison en Chine : opposé à Mohamed El Shorbagy, le Parisien mène 2 jeux à 0 mais voit le n°2 mondial revenir puis dominer la fin de match. Sa défaite au premier tour de l'US Open face à la wild-card locale Andrew Douglas est le point noir de sa saison, et Lucas admet avoir mis du temps à s'en remettre. Avant l'interruption, son début d'année 2020 avait été encourageant, avec un deuxième titre de champion de France - où il avait parfaitement tenu son rang en l'absence des ténors - et une belle victoire sur Tsz Fung Yip. Mais il a également été marqué par trois défaites cruelles face à Abdulla Al Tamimi au ToC, Cesar Salazar à Toronto et Daryl Selby à Chicago. À chaque fois en cinq jeux, et alors qu'il menait au score. Lucas le sait, il devra à l'avenir transformer ces revers en victoires pour se rapprocher du top 30 mondial, comme il avait parfaitement sur le faire il y a deux ans.  

Lucas Serme vu par … Lucas Serme

Interviewé sur le site de la PSA il y a quelques semaines, Lucas Serme se donnait la note de « 5/10 (pour l'exercice 2019-2020). Dans l'ensemble, je suis déçu de ma saison. Sur la liste d'objectifs que j'avais définis, le seul que j'ai atteint est de remporter le championnat de France Élite. Entre septembre et mars, j'ai perdu six matches en cinq jeux, la plupart du temps après avoir mené au score. Si certains avaient tourné dans l'autre sens, elle aurait pris une toute autre tournure ! Tous ces matches étaient différents (une fois je me suis blessé, une autre je me suis laissé submergé par la pression, puis une autre mon adversaire a tout simplement été meilleur que moi), mais à chaque fois on en revient à l'aspect mental : si je crois à nouveau en moi, je rejouerai comme je le faisais il y a quelques années quand je ne ressentais aucune pression ou attente de l'extérieur. Ma défaite au premier tour de l'US Open contre Andrew Douglas m'a fait beaucoup de mal, j'ai tout remis en question après ce match. Ça fait deux ou trois ans que je doute de mes capacités, mais si je parviens à retrouver la confiance je pense que je serai en mesure de saisir les opportunités qui se présentent. »

Source : PSA World Tour

Lucas Serme (ici face à Mohamed El Shorbagy) estime que sa saison aurait eu un autre visage s'il avait converti certaines opportunités (Crédit photo : Lucas Serme)

L'avis du coach (Mehdi Renai)

« Cela fait maintenant deux ans que Lucas et moi travaillons ensemble. Il a changé pas mal de choses dans plusieurs composantes de son jeu : physique, technique et tactique. Il faut un temps d'adaptation avant que les choses se mettent en place en match. C'est ce qui s'est produit récemment, c'est de bon augure pour la suite et il faut persévérer dans ce sens. Lucas est un gros travailleur. Sa palette de coups s'est énormément étoffée pendant ces deux ans et l'évolution de son jeu est plutôt positive. Néanmoins, il a besoin de victoires significatives pour acquérir de la confiance, qui lui permettra de cette évolution et d'enclencher un cercle vertueux. »

Le saviez-vous ?

Pour la première fois dans la jeune histoire du squash hexagonal, un frère et une sœur ont été sacrés champions de France en même temps : Lucas Serme s'était déjà imposé en 2017, mais c'était la seule édition manquée par Camille depuis ses débuts en 2004 ! Favori à Bordeaux en l'absence des meilleurs joueurs du pays (Grégory Gaultier, Grégoire Marche, Mathieu Castagnet), il a a repoussé les assauts des jeunes aux dents longues, comme Sébastien Bonmalais en finale. « Tenir ce rang de tête de série n°1 – une première pour moi – n'était pas facile et c'est un grand bonheur d'y parvenir. Partager ce moment avec ma sœur, c'est la cerise sur le gâteau ! »

Camille et Lucas Serme ont réalisé le doublé au championnat de France Élite (Crédit photo : Mikphotos.fr)

BAPTISTE MASOTTI : « BEAUCOUP DE CHOSES ONT CHANGÉ POUR MOI »

Baptiste Masotti – 24 ans, n°37 mondial (meilleur classement), 5 titres sur le circuit PSA

Crédit photo : Lauranne Rochais

2019-2020 en chiffres (en PSA)

  • 9 tournois : 18 matches, 9 victoires/9 défaites (50 %)
  • Meilleur résultat : finaliste de l'open international Niort Venise Verte (12 000 $)
  • Évolution au classement (depuis juillet 2019) : ↑ 21 places

Sa saison en un clin d’œil

La saison de Baptiste Masotti a connu un décollage à retardement. Désireux de défendre les points acquis à Nantes en 2019, il dispute de nombreux tournois en septembre mais sans beaucoup de réussite. Le déclic va intervenir fin octobre, à l'open d'Egypte : le Niortais enchaîne les performances (avec notamment une victoire sur Miguel Angel Rodriguez) et atteint les quarts de finale de ce Platinum. Ce résultat lui permet d'intégrer le top 50 mondial, synonyme de participation systématique aux gros tournois. Même s'il n'a pas réédité son exploit du Caire, Baptiste a confirmé depuis son nouveau statut, avec des victoires significatives sur Adrian Waller et Raphael Kandra. 

Baptiste Masotti vu par … Baptiste Masotti

« Mon début de saison a été compliqué, je n'ai pratiquement pas gagné un match en septembre et je me suis posé pas mal de questions. Mais ce genre de période fait partie de l'apprentissage et j'ai continué à m'entraîner sérieusement. J'ai eu un déclic au Caire, et pourtant une semaine avant j'avais fait un mauvais match contre Raphael Kandra en Interclubs. Comme quoi il y a des choses qui ne s'expliquent pas, même si je m'étais préparé spécialement pour ce premier tournoi Platinum, et que ce quart de finale était sans doute le fruit de tout le travail antérieur. Je n'ai pas vraiment eu le temps de réaliser ce que j'avais fait, puisque derrière j'ai enchaîné avec le championnat du monde individuel puis l'open de Niort. Il y a quelques semaines, j'étais interviewé par la PSA et je me suis donné une note de 6/10 pour ma saison. J'ai beaucoup progressé au classement, et j'ai franchi le premier tour 2 fois sur 3 en Platinum, mais je pense que ça aurait pu être encore mieux. Je passe de moins en moins à côté de mes matches, mais ça m'arrive encore, par exemple contre Nicolas Müller au premier tour à Chicago. L'aspect mental est très important, et je le travaille beaucoup avec Yann Menegaux. Sur les gros tournois, on affronte des joueurs du top 40 dès le premier tour : si on n'est pas prêt, on se retrouve très vite sur le vol du retour … Au Tournament of Champions, je m'étais conditionné pour franchir le premier tour contre Adrian Waller et avoir la chance jouer à Grand Central Station, ce que j'ai réussi à faire. Mais là-bas, j'ai été submergé par l'enjeu, au lieu de prendre match par match et d'essayer d'aller le plus loin possible comme j'avais su le faire en Egypte. Jouer sur un court vitré et devant les caméras de SquashTV, j'espère que ça m'arrivera de plus en plus souvent mais je dois également apprendre à mieux gérer tout ça. J'ai eu un passage à vide en février (à cause de tous ces changements ainsi que d'une blessure à la hanche qui m'a empêché de m'entraîner autant que d'habitude), mais je commençais à sortir la tête de l'eau avant l'interruption. Lorsque le circuit reprendra, les cartes seront redistribuées et c'est à moi de tout faire pour arriver plus frais et avoir encore plus faim. Pour conclure, le podium au championnat à Washington est un moment qui restera à jamais gravé dans ma mémoire. L'équipe de France est quelque chose de sacré : je la place au-dessus de mes résultats individuels, sans doute parce que j'aime les sports collectifs et le partage avec les gens. »

Baptiste Masotti en compagnie de son entraîneur Renan Lavigne (Crédit photo : #ETC2019)

L'avis du coach (Renan Lavigne)

« Baptiste a effectué un bond conséquent au classement, grâce notamment à plusieurs victoires sur des joueurs du top 20 mondial. La grande différence, c'est que depuis quelques mois il ne dispute quasiment plus que des gros tournois. Il n'a plus de tour de chauffe, et l'approche mentale n'est pas du tout la même. Dans l'ensemble, il y a de nombreux points positifs à retenir de sa saison, aussi bien en termes de résultats que d'investissement. Est-ce qu'on peut parler de nouveau statut ? Je ne pense pas, je dirais plutôt que Baptiste poursuit son chemin. Il est très lucide, et est conscient qu'il a encore plein de choses à améliorer s'il veut atteindre son potentiel. » 

Le saviez-vous ?

En se qualifiant pour les quarts de finale de l'open d'Égypte à l'automne dernier, Baptiste Masotti avait affolé les statistiques : aussi loin que remontent les archives (début des années 90), il était tout simplement devenu le premier joueur à atteindre ce stade de la compétition pour sa première participation à un tournoi majeur ! Mais ça ne s'arrête pas là : Baptiste était aussi le premier non membre du top 50 mondial à réaliser cette performance depuis mai 2014.

Pour sa première participation à un tournoi majeur, Baptiste Masotti avait connu une semaine de rêve fin octobre au Caire (Crédit photo : #SquashByThePyramids)

Depuis le début de l'année 2020, Baptiste Masotti joue avec la nouvelle raquette squash Tecnifibre Carboflex 130 Airshaft, le modèle signature de Marwan El Shorbagy. Cette raquette est disponible sur My Squash !

Dans le cinquième épisode de notre série « Les Français sur le circuit PSA en 2019/20 », nous reviendrons sur la saison de Mélissa Alves et Mathieu Castagnet. Rendez-vous vendredi prochain !

Partager ce contenu

Ajouter un commentaire

 (avec http://)