Les Français sur le circuit PSA en 2019/20 : Énora Villard & Victor Crouin

Publié le : 30/04/2020 23:38:40
Catégories : L'actualité du squash

Certes, quelques tournois initialement prévus en 2019-2020 ont été reprogrammés (pour l'instant) à la fin de l'été. Mais après cinq mois de coupure forcée, on peut considérer que c'est une nouvelle campagne qui commencera et la période actuelle est l'opportunité de dresser un bilan de la saison. Depuis quelques semaines, nous mettons un coup de projecteur sur les 14 joueurs et joueuses Français qui figurent dans le top 100 mondial. Troisième épisode aujourd'hui, avec Énora Villard et Victor Crouin.

Épisode 1 : Marie Stéphan & Sébastien Bonmalais

Épisode 2 : Auguste Dussourd & Benjamin Aubert

ÉNORA VILLARD : « J'AI PROGRESSÉ DANS BEAUCOUP DE DOMAINES »

Énora Villard – 26 ans, n°51 mondiale (meilleur classement), 2 titres sur le circuit PSA

Crédit photo : Nicolas Barbeau

2019-2020 en chiffres (en PSA)

  • 8 tournois : 15 matches, 7 victoires/8 défaites (47%)
  • Meilleur résultat : demi-finaliste du London Open (12 000 $)
  • Évolution au classement (depuis juillet 2019) : ↑ 4 places

Sa saison en un coup d’œil

Sur la lancée de son succès à l'open international des Volcans en mai, Énora Villard avait idéalement commencé l'exercice 2019-2020. Tirant immédiatement les bénéfices d'une grosse préparation physique, la joueuse de l'équipe de France avait battu deux fois Tinne Gilis (membre du top 30 mondial), avec à la clé une quatrième place au championnat d'Europe individuel et un 1/8è de finale à l'open de France. La suite de sa saison n'aura pas été du même acabit mais il y a tout de même des points positifs à retenir : une demi-finale à Londres et une première participation à un tournoi Platinum, sans oublier une deuxième médaille de bronze au championnat de France Élite.

Énora Villard vue par … Énora Villard

« Certes, j'ai atteint mon meilleur classement, mais je n'ai pas gagné autant de places que j'aurais voulu. Effectivement, la saison avait bien démarré pour moi, avec ces deux victoires contre Tinne Gilis. Ça a été plus difficile par la suite même si je n'ai pas fait de contre-performance, hormis en Finlande où je n'étais pas au mieux physiquement. Le choix de tournois est moins important chez les filles (NDLR : que chez les garçons), du coup on n'a pas souvent l'occasion d'affronter des joueuses mieux classées. Je ne suis pas passée loin contre Zeina Mickawy à Monaco, j'ai besoin d'encore plus de régularité et de confiance pour gagner ce genre de matches. J'ai progressé dans beaucoup de domaines (notamment le physique et le mental), maintenant il faut que ça se traduise encore plus en match. On est encore dans le flou en ce qui concerne la reprise, et ce n'est facile tous les jours de garder la motivation. Mais notre entraîneur (Philippe Signoret) nous répète que notre objectif doit être de revenir encore plus forte lorsque la compétition redémarrera, et il a raison ! Cela dit, tout le monde aura la même envie de rejouer ... »

Énora Villard en compagnie de son entraîneur, Philippe Signoret (Crédit photo : #SquashByThePyramids)

L'avis du coach (Philippe Signoret)

« Énora n'a pas beaucoup progressé au classement, et on pourrait donc croire que saison 2019-2020 a ressemblé à la précédente. Néanmoins, elle a avancé car elle a mis de nombreuses choses en place à l'entraînement récemment. J'aurais bien aimé pour pouvoir le vérifier en match, c'est dommage que la saison ait été interrompue car je suis sûr que le meilleur était à venir. Énora est de plus en plus proche d'un classement qui lui permettra de participer régulièrement aux tournois Platinum, et je pense que ça pourrait lui donner un nouveau souffle. »

Le saviez-vous ?

Les affrontements avec Tinne Gilis ont été le fil de conducteur de cette saison tronquée pour Énora Villard. Sa victoire contre la jeune Belge en quart de finale du championnat d'Europe individuel (après avoir été menée deux fois au score) était la première de sa carrière contre une joueuse du top 30 mondial. Quelques jours plus tard, la native d'Aix-en-Provence allait confirmer cette performance, dominant à nouveau la cadette des sœurs Gilis au premier tour de l'open de France, à Nantes. Revancharde, cette dernière s'imposera nettement au championnat du monde individuel. Dernier épisode en février à Cincinatti, où la Française ne parvient pas « à ébranler la solidité à toute épreuve de son adversaire, » dixit Philippe Signoret. « Chaque jeu a été accroché mais Tinne, particulièrement en forme après un début de saison plus qu’hésitant, a su prendre le dessus par la suite. »

Tout au long de la saison, Énora Villard a croisé la route de la Belge Tinne Gilis (Crédits photo : etc2016bucharest, #SquashByThePyramids, Nicolas Barbeau)

VICTOR CROUIN : « J'AI BEAUCOUP GRANDI CETTE ANNEÉ »

Victor Crouin – 20 ans, n°44 mondial (meilleur classement n°42 en février 2020), 9 titres sur le circuit PSA

Crédit photo : #SquashByThePyramids

2019-2020 en chiffres (en PSA)

  • 9 tournois : 27 matches, 22 victoires/5 défaites (81 %)
  • Meilleur résultat : vainqueur de l'Australian Open (12 000 $), du Tasmanian Open (11 000 $), du Marietta Open (12 000 $) et du Dominicana Open (12 000 $)
  • Évolution au classement (depuis juillet 2019) : ↑ 27 places

Sa saison en un clin d’œil

Pour ce bilan, nous avons choisi de démarrer la saison au 1er juillet 2019. Dans le cas de Victor, on aurait pu inclure sa victoire au Victorian Open (ça ne s'invente pas ...) fin juin, début d'une série de 3 tournois et 12 matches gagnés consécutivement en terre Australienne ! À peine rentré aux États-Unis pour y entamer sa deuxième année au sein de la prestigieuse université d'Harvard, le jeune Toulonnais remporte un nouveau tournoi 12 000 $ à Atlanta, avant d'atteindre la finale à Cleveland (20 000 $) où il donne une belle réplique à Greg Lobban. Mais ce n'est rien à côté des semaines qui vont suivre : intégré dans le tableau principal de l'open d'Égypte, il en profite pour faire chuter Cesar Salazar et Zahed Salem, respectivement n°22 et 15 mondiaux ! Pour ses débuts sur le court vitré installé devant les pyramides, il s'incline certes face au roc Joel Makin mais le score brut (3-0) ne traduit pas la qualité de son match. La même remarque s'applique à son premier tour face à l'actuel n°1 mondial Mohamed El Shorbagy au championnat du monde individuel quelques jours plus tard au Qatar, « un match très propre, » selon l'entraîneur national Renan Lavigne. Victor va ensuite se consacrer à ses études et aux rencontres par équipe avec Harvard, si bien qu'il ne dispute qu'un match en PSA en 2020 (en manque de rythme, il s'incline logiquement face à un excellent Borja Golan au Canada). S'il fallait mettre un bémol à sa saison, ce serait peut-être la perte de son titre de champion universitaire des États-Unis, mais il ne pèse pas lourd face au reste : les observateurs comparent parfois son parcours à celui d'Ali Farag, mais ils oublient que le n°2 mondial était loin d'avoir atteint le top 50 mondial lorsqu'il était encore à l'université ...

Victor Crouin vu par … Victor Crouin

« Je suis satisfait de ma saison 2019-2020 sur le circuit PSA. Je m'étais fixé comme objectif d'intégrer le top 50 en septembre 2020, contrat rempli. D'autre part, j'ai eu l'opportunité de participer à trois gros évènements : l'open d’Égypte qui a été un succès, le championnat du monde individuel et la Canada Cup. J'ai su prendre ma chance lorsqu'elle s'est présentée et je suis très fier de ce que j'ai accompli lors de ces tournois. Néanmoins, je ne dois pas oublier mes succès dans les Challenger - avec 5 titres entre juin et novembre - et mon classement est aussi la récompense de ma régularité sur ce circuit. Gagner des matches quand on est outsider et qu'on n'a pas de pression est une chose, mais c'est plus difficile si on a un rang de tête de série ou des points à défendre, et que perdre n'est pas une option si l'on veut se maintenir au classement. J'ai encore énormément grandi cette année, et quand je repense au championnat du monde junior il y a trois ans je me dis que j'ai parcouru beaucoup de chemin. J'ai gagné en expérience, j'ai retiré de nombreux enseignements et j'ai progressé dans tous les compartiments du jeu. En outre, la période que nous vivons actuellement me motive à travailler encore davantage pour revenir plus fort à la reprise. Lors de ma première année à Harvard, je partais dans l'inconnu car je ne savais pas trop comment j'allais pouvoir participer à des tournois PSA. J'ai donc débuté 2019-2020 fort de cette expérience, et j'avais planifié un tournoi par mois entre septembre et décembre. Mais je n'avais pas prévu que j'allais être intégré au tableau principal de plusieurs "majeurs", alors que j'étais initialement sur les "reserve lists". C'était impossible de ne pas saisir ces opportunités. Du coup, j'ai consacré le mois de décembre à mes études, et j'étais soulagé d'en avoir fini avec ce premier semestre mouvementé mais réussi. L'enseignement que j'en retire, c'est que chaque saison va me réserver son lot de surprises et que je devrais m'adapter, mais je suis désormais averti ! »

Victor Crouin (en bleu) a pris une autre dimension cette saison, notamment en se frottant aux meilleurs joueurs du monde (ici, Mohamed El Shorbagy) (Crédit photo : #QatarSquash)

L'avis du coach (Emmanuel Crouin)

« Chaque été, nous prenons le temps avec Victor de faire le bilan de la saison écoulée et d’échanger sur les objectifs de la prochaine en termes de résultats. En août 2019, il était 65ème mondial, et compte tenu de sa bonne intégration à son nouvel environnement et de sa motivation décuplée à son retour, nous avons établi un objectif en trois temps : top 60 en janvier, 55 en mai et 50 en septembre. Au 1er janvier, il était 46ème, et le principal objectif de la saison 2019-2020 était d’ores et déjà rempli. Avec le recul, je me dis que Victor a toujours validé ses objectifs depuis ses débuts en compétition. Il grimpe les unes après les autres les marches qui doivent le mener vers son but ultime : régulièrement, sans exploit, presque sans bruit, un peu comme si tout était normal et que sa courbe de progression était immuable. Néanmoins, son départ aux États-Unis l'a fait mûrir plus vite. Même si nous faisons un point quotidien sur son entraînement, ses performances et son état physique, il a gagné en autonomie. Il doit planifier son emploi du temps en y intégrant son propre programme d’entraînement et celui de son équipe tout en étant assidu en cours. Victor a aussi la chance d'être épaulé par des entraîneurs de grande qualité comme Mike Way et Thierry Lincou, et il a vraiment pris conscience du chemin qui lui reste à parcourir et des ressources qu’il faut mettre en place pour atteindre son but. Son rêve ultime devient petit à petit un objectif de résultat à long terme. Son retour prématuré en France, ainsi que l’absence de squash et de perspectives en matière de compétition avec le contexte actuel auraient pu changer mon sentiment sur son évolution future. Au contraire, la motivation, l’intensité et la qualité qu'il met dans ses séances physiques bi-quotidiennes depuis plusieurs semaines démontrent qu’il est encore plus déterminé qu’avant. J’ai hâte de revoir Victor sur le circuit ! » 

Le saviez-vous ?

Auparavant proche des temps de passage de Grégory Gaultier, Victor Crouin s'en est - logiquement - éloigné depuis qu'il a choisi d'intégrer l'université d'Harvard (NDLR : à son âge, le French General était aux portes du top 10 mondial). Néanmoins, il continue d'afficher quelques statistiques impressionnantes, dont voici deux exemples : trois tournois consécutifs remportés l'été dernier, c'est une performance que seuls deux Français avait réalisé avant lui (Gaultier évidemment, lors de son incroyable série en 2017, 6 titres et 27 matches gagnés de suite, mais aussi Christophe André en 2015-2016). Il y aura ensuite son incroyable parcours au Caire, fin octobre : en battant Cesar Salazar puis Zahed Salem, Victor était devenu le deuxième plus jeune joueur Français de l'histoire à battre un membre du top 25 mondial, puis du top 15 après ... Grégory Gaultier (qui avait réalisé cette performance à 19 ans).

En tournée au Australie en juillet dernier, Victor Crouin y a remporté 3 titres en 3 tournois ! (Crédit photo : Victor Crouin)

Victor Crouin joue avec la raquette squash Dunlop HyperFiber XT Revelation Pro LITE. Ce modèle est disponible sur My Squash.

Dans le quatrième épisode de notre série « Les Français sur le circuit PSA en 2019/20 », nous reviendrons sur la saison de Lucas Serme et Baptiste Masotti. Rendez-vous vendredi prochain !

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