Les Bleus du squash restent sur le toit de l'Europe

En marquant le jeu qui manquait aux Bleus, Baptiste Masotti a plongé le camp français dans une douce euphorie (Crédit photo : squashPage.net) 

Gros plan : des Bleu(e)s d'or et d'argent

Cinq mois après la désillusion du championnat du monde à Marseille, l'équipe de France masculine a magnifiquement rebondi, en conservant son titre de champions d'Europe aux dépens de leurs grands rivaux Anglais. Les filles ont conforté leur statut de numéros 2 européennes, mais l'Angleterre était trop forte.

« On est aux anges, » ont été les premiers mots de Renan Lavigne, moins de 24 heures après le succès de ses Bleus (le troisième en quatre ans). L'entraîneur de l'équipe de France de squash le place presque au-dessus du premier de leur histoire, en 2015. D'abord en raison du scénario à suspense : portés par ses deux leaders Grégory Gaultier et Mathieu Castagnet, les Tricolores avaient pris un départ canon (deux victoires 3-0). « On s'attendait à une grosse bataille, comme d'habitude avec les Anglais. Mais Greg et Mathieu ont affiché un niveau extraordinaire contre Matthew et Willstrop. Quelle détermination ! » Comme il y a trois ans au Danemark, Lucas Serme n'avait besoin que d'un jeu pour envoyer son équipe au paradis, mais il est tombé sur un Daryl Selby « qui a été vraiment énorme, » dixit Lavigne. La suite, on la connaît. Face à Declan James, Baptiste Masotti perdait certes le jeu initial, mais le gain du deuxième (11-9) scellait le sort de la rencontre, devant un camp Français en délire. Notamment un Grégory Gaultier « possédé, » rigole Lavigne. « Il y a 11 ans, au championnat d'Europe en 2007 à Royan, j'avais demandé un maillot à Greg, aujourd'hui il est là à me conseiller et à crier comme s'il avait 18 ans, c’est incroyable, » confie Masotti. « C'est le meilleur moment de ma carrière, » ajoute le Niortais. « J'étais prêt à jouer ce match décisif, mais je peux vous dire que je me suis rendu compte du sens du mot pression en rentrant sur le court. Néanmoins, le fait de voir tout le clan Français crier, ça donne des ailes. Je ne souviens quasiment pas du match, j'étais comme dans un état second et uniquement focalisé sur le fait de gagner un jeu. » Il y a une autre raison pour laquelle les émotions ont été si exacerbées samedi après-midi, et elle se résume en un mot : Marseille. « On ne pourra jamais effacer ce qui s'est passé au championnat du monde, » confie Lavigne en référence à l'élimination en quart de finale par Hong Kong. « Mais cette victoire montre notre capacité de réaction. Marseille avait été un traumatisme, on repart de Pologne le cœur le plus léger. » « Victor (Crouin) et moi, on savait que les gars étaient revanchards mais on n'en a pas parlé, » indique Masotti. « Il faut certes en tirer des leçons mais on ne pourra revenir en arrière. » Lavigne insiste sur l'apport de ces deux jeunes joueurs, « tout simplement fabuleux. Baptiste amène sa bonne humeur et sa fougue, Victor son professionnalisme et son attitude exemplaire. » Appelé en renfort suite au forfait de dernière minute de Grégoire Marche, Crouin (18 ans) représente l'avenir de l'équipe de France. Même s'il va intégrer l'université d'Harvard à la rentrée, il fait totalement « partie intégrante du projet, » précise Lavigne. Confirmation de l'intéressé, qui indique « être sélectionnable pour un nouveau titre l'an prochain ! » C'est tout le mal que l'on souhaite aux Bleus du squash …

GOODBYE MISTER MATTHEW. C'était la dernière fois que l'équipe de France affrontait l'Angleterre avec Nick Matthew à sa tête. Le futur retraité a d'ailleurs failli ne pas disputer la finale en raison d'une blessure. « Mais notre kiné a fait un travail extraordinaire pour que je puisse revêtir une dernière fois le maillot de la sélection, » disait-il. « C'était impossible de rater cette rencontre. Et je n'aurais pas pu choisir un meilleur adversaire (Greg Gaultier) pour tirer ma révérence. Bravo à la France qui a mérité sa victoire, mais l'équipe a donné tout ce qu'elle pouvait. Ça a été un honneur de représenter mon pays depuis 2003. Le moment est venu de passer le relais à la prochaine génération ... »

Nick Matthew a dit au revoir à sa sélection, avec un énième match contre son vieux rival Grégory Gaultier (Crédit photo : European Team Championships)

LES FILLES ENCORE EN ARGENT. Une nouvelle fois, la marche était trop haute … Grâce à une prestation remarquable, Camille Serme avait mis les Bleues sur les bons rails en dominant Laura Massaro, 3 jeux à 0. Mais même si elles ont tout donné, Coline Aumard et Mélissa Alvès n'ont pas été en mesure d’inquiéter Alison Waters et Victoria Lust. « Nous n'avons pas pu créer la surprise, » a confié Serme. « Les Anglaises étaient encore une fois trop fortes, mais nous allons continuer à travailler dur pour tenter d'atteindre notre rêve, et écrire l'histoire comme le font les garçons. Je suis tellement contente pour eux ! Ça a été une super semaine grâce à mes coéquipières, Coline, Mélissa et Enora : comme le dit Grégory Gaultier, ce qui restera c'est l'aventure humaine ... »

Les Bleues sont montées sur la deuxième marche du podium pour la cinquième année consécutive, derrière les invincibles Anglaises (Crédit photo : European Team Championships)

Les autres news de la semaine du squash

--- Rendez-vous incontournable pour les joueurs de plus de 35 ans, les championnats de France vétérans de squash se sont achevés mardi à Bordeaux. Dans la position du petit poucet il y a quelques semaines au championnat de France Élite. Jocelyn Martin (n°25 français) était cette fois dans celle du favori chez les +35 ans. Même si ses adversaires en demi et en finale (Jonathan Kobs et Grégory Toussaint) lui ont donné du fil à retordre, le joueur du Stade Nantais a su imposer son physique lors des cinquièmes jeux pour décrocher la timbale. Avec cinq joueurs dans le top 40 national, la catégorie des +40 ans était très relevé cette année. On a assisté à la fin d'une époque avec les éliminations en quart de finale de Thierry Scianimanico et Jean-Jacques Pineau : les deux joueurs s'étaient affrontés sept fois lors des huit dernières finales, à chaque fois à l'avantage du premier nommé. Très proche de Grégory Gaultier, Mathieu Benoit (n°29) est sorti vainqueur d'une superbe finale contre Jérôme Sérusier (n°22), après 80 minutes d'un combat acharné. En larmes, le joueur de Vincennes est resté sur le court de longues secondes pendant que le public lui offrait une standing ovation. « L'émotion est liée au bonheur de la victoire, » expliquait-il quelques minutes plus tard, « mais aussi à la tension qui retombe, car dans ce genre de match il faut être dans sa bulle et mettre une implication totale du premier au dernier point. » Chez les femmes, deux anciennes internationales ont remporté le titre en +35 et en +40 : la Cristolienne Noellie Boden (n°20), 3-1 face à Caroline Grangeon (n°15), et Mylène de Muylder (n°24, Cuers), qui a tenu son rang d'archi-favorite en ne perdant pas un jeu du tournoi. Dans les autres catégories, si certain(e)s ont conservé le titre acquis l'an dernier (par exemple Carine Cesar en +45, Valérie Neoschil en +50, ou Claire Bryars, dont c'est le 22ème titre national, en +60), d'autres ont décroché leur première médaille d'or après être passé tout près dans un passé plus ou moins proche : on pense à Julien Bey (+45), Thomas Halberstadt (+55) et Patrice Drieu (+60). Coup de chapeau également aux doyens du tournoi : intégrés dans un premier temps dans un tableau avec des joueurs plus jeunes avant d'être titrés dans leur catégorie, Danielle Maffre (75 ans) et Pierre Laclaustra (85 ans) prouvent année après année que le squash n'a pas d'âge.

Jérôme Sérusier (à gauche) et Mathieu Benoit ont tous les deux été au bout d'eux-mêmes, mais c'est ce dernier qui a été sacré champion de France des +40 ans (Crédit photo : Fédération Française de Squash)

--- Deux Français ont disputé un tournoi du circuit PSA la semaine dernière. En Argentine, Vincent Droesbeke a passé un tour avant de chuter face au redoutable Robertino Pezzota. Ce dernier a atteint la finale mais a été battu par Mostafa Asal. Retenez bien son nom : le jeune Égyptien nous avait tapés dans l’œil lors de son succès au British Junior Open début janvier en -17, et n'avait jamais joué sur le circuit hormis deux apparitions à El Gouna. Il s'est installé au cinquième rang du classement des plus jeunes joueurs de l'histoire du squash à avoir remporté un tournoi, juste derrière un certain ... Jahangir Khan ! (Source : www.squashinfo.com). Aux États-Unis, Marie Stéphan a été battue en qualifications par une jeune Équatorienne de 16 ans, Maria Paula Moya. Les finales ont été 100 % Anglaise chez les femmes (victoire de Whitlock face à Tomlinson) et Américaine chez les hommes (Hanson a battu Harrity). Les autres vainqueurs de la semaine sont le Mexicain Avila, l'Indien Tandon et l'Australien Hedrick (tous les résultats en bas de page).

Premier tournoi hors d’Égypte et premier succès pour le très prometteur Mostafa Asal (à gauche) (Crédit photo : Asociación Argentina de Squash Rackets)

--- À l'occasion de l'open national de squash de Valenciennes (6500 euros, soit le plus richement doté de la saison dans l'hexagone), Cameron Pilley (n°21 mondial) avait répondu à l'invitation du club pour lequel il évolue en championnat de France. Bouscule par Christophe André en demi, l'Australien a eu la partie encore moins facile en finale face au jeune Benjamin Aubert, en grande forme actuellement. Mais le récent médaillé d'or en double mixte aux Jeux du Commonwealth (avec sa cousine Donna Urquhart) a su utiliser toute son expérience pour contrôler le cinquième jeu et rafler la mise. Enzo Corigliano complète le podium, grâce à deux victoires sur des joueurs (Christophe André et Johan Bouquet) qui de son propre aveu n'étaient pas à 100 % mais qu'il n'avait jamais battus.

Les rendez-vous squash de la semaine

--- Après les -19 ans il y a quelques semaines et les senior le weekend dernier, c'est au tour des -15 et des -17 de disputer le championnat d'Europe de squash ce weekend en Suède. Les plus jeunes (quatrièmes l'an dernier) sont têtes de série n°3 derrière l'Angleterre et l'Irlande, et tenteront donc de monter sur le podium pour la première fois depuis 2013. Il devront dans un premier temps sortir dans les deux premiers d'une poule composée de l'Allemagne, Israël, la Pologne et le Luxembourg. Ambitions de podium également pour les -17 (têtes de série 2 derrière les Anglais), afin d'effacer la décevante septième place de l'an dernier. Toufik Mekhalfi et ses camarades sont dans le groupe du Pays de Galles, de la Hongrie, de la Pologne et de la Finlande. Début des rencontres jeudi.  

Benjamin Aubert (à gauche) et Victor Crouin se retrouveront-ils en finale en Pologne ? (Crédit photo : ML Photo)

De nombreux joueurs Français sont sur le circuit PSA cette semaine : le voyage n'aura pas été fatigant pour Victor Crouin puisqu'il dispute un tournoi dans le club où il a été sacré champion d'Europe avec les Bleus ! Le Toulonnais est tête de série 1, suivi de deux compatriotes (Aubert et Corigliano). Même si le chemin est long car c'est un tableau de 32 joueurs, on pourrait retrouver Crouin et Aubert en finale samedi. Pas de chance au tirage pour Auguste Dussourd et Vincent Droesbeke, qui s'affrontent au premier tour en Argentine. Le premier cité, qui s'était imposé en cinq jeux lors de leur dernier affrontement il y a quelques semaines au championnat de France est tête de série 1, mais le tableau comporte plusieurs joueurs dangereux (les Argentins Pezzota et Romiglio, et deux joueurs qui ont remporté des tournois la semaine dernière, le Mexicain Avila et le jeune Égyptien Asal). Quelques semaines après y avoir réalisé la plus grosse performance de sa jeune carrière, Sébastien Bonmalais est de retour au Nigéria. S'il a franchi les qualifications mardi soir (résultat pas encore disponible à l'heure où nous écrivons ces lignes), il se retrouvera dans un tableau à très fort accent Égyptien. Si elle tient son rang de tête de série 3, Énora Villard sera opposé à l'Anglaise Tomlinson en demi-finale. Enfin, les qualifications du dernier grand rendez-vous de la saison, le British Open, commenceront dimanche pour plusieurs Tricolores : Mathieu Castagnet, Lucas Serme, Grégoire Marche et Coline Aumard.