Championnat de France Élite : le doublé pour les Serme !

Gros plan : une victoire en famille

Retour sur le championnat de France Élite qui s'est achevé jeudi dernier à Bordeaux. Camille Serme a dans un premier temps égalé le record de Corinne Castets et d'Isabelle Stoehr (11 titres), avant de voir son frère Lucas la rejoindre sur la plus haute marche du podium.

C'est la première fois qu'un frère et une sœur sont sacrés champions de France en même temps : Lucas Serme s'était déjà imposé en 2017 (voir le blog du 14 février 2017), soit la seule édition manquée par Camille depuis ses débuts en 2004 ! À Bordeaux, celle-ci a prolongé son règne sur le squash féminin hexagonal, rejoignant Corinne Castets et Isabelle Stoehr sur les tablettes avec 11 titres chacune. Vainqueur d'une demi-finale hautement disputée face à Coline Aumard, Mélissa Alves a causé des soucis à sa partenaire d'entraînement, jusqu'à 7-7 dans le premier jeu de la finale. « Dans ces moments-là, je me bats encore plus, je n'attaque que lorsque j'en ai vraiment l'opportunité et j'essaie de ne pas lui laisser d'ouverture, » racontait la numéro 3 mondiale à l'issue du match, remporté 11-7, 11-5, 11-4. Pour Camille, cap sur le Windy City Open à Chicago (27 février-4 mars). Après sa fantastique victoire au Tournament of Champions il y a quelques semaines, elle tentera de contrecarrer à nouveau les plans des Égyptiennes.

Dans un style différent, Lucas et Camille Serme ont été solides dans leur finale respective du championnat de France Élite (Crédits photo : Mikphotos)

Quelques minutes après sa victoire, Camille a rejoint sa belle-sœur Anna dans les tribunes afin d'encourager son frère Lucas, opposé en finale à Sébastien Bonmalais. Le Réunionnais de 22 ans a pris le meilleur départ (11-8), mais une baisse de régime a permis à son adversaire de revenir rapidement dans la partie (11-1). Le troisième jeu allait être le tournant de cette guerre d'usure, Serme l'emportant 14-12 en 29 minutes après avoir sauvé plusieurs balles de jeu. Malgré un sursaut de Bonmalais en début de quatrième manche (4-1), le joueur d'Annecy remportait 10 des 12 échanges suivants, et le match. « Comme prévu, ça a été un combat physique, » a déclaré le vainqueur après le match. « Seb est très rapide et défend incroyablement bien, d'autant plus lorsque la balle rebondit beaucoup comme aujourd'hui. Le troisième jeu a été crucial : à 10-8 en sa faveur, j'ai essayé de faire durer les échanges au maximum, et ça a payé car il a fait quelques fautes. Avec les jeunes qui poussent derrière, tenir ce rang de tête de série n°1 – une première pour moi – n'était pas facile et c'est un grand bonheur d'y parvenir. Partager ce moment avec ma sœur, c'est la cerise sur le gâteau ! »

Source : Fédération Française de Squash

Les français sur le circuit international

--- On entend souvent le terme "breakthrough tournament" en anglais, pour désigner un tournoi qui fera date dans la carrière d'un joueur. Même si le parcours de Benjamin Aubert au Motor City Open (Silver) s'est brutalement arrêté en demi-finale face au n°6 mondial et futur lauréat Diego Elias (« Benji n'en pouvait plus, » dira son entraîneur au pôle France d'Aix-en-Provence, Renan Lavigne), il avait été fantastique auparavant dans le Michigan. Incertain en raison d'une douleur au tendon rotulien, le natif d'Amiens a pourtant déboulonné l'Indien Ramit Tandon puis surtout l’Égyptien Zahed Salem (n°15 mondial) en 1/8è, soit la plus grande victoire de sa carrière. Il s'est offert le luxe de confirmer au tour suivant, sortant vainqueur d'une bataille épique d'1h40 face au très talentueux Qatari Abdulla Tamimi. La demi-finale aura été le match de trop pour Benjamin, qui pourrait néanmoins intégrer le top 60 mondial au classement du 1er mars. En attendant mieux ... 

Benjamin Aubert a vécu une semaine qu'il n'oubliera pas à Détroit (Crédit photo : Motor City Open)

De son côté, ️Sébastien Bonmalais (le jour de ses 22 ans) est passé à deux doigts de s'offrir la plus belle perf de sa jeune carrière en guise de cadeau d'anniversaire. Ou plutôt à deux points, car il menait 9-6 dans le cinquième jeu face à César Salazar (n°23 mondial, soit 48 places devant lui) en 1/8è de finale. Mais le Mexicain a eu recours à toute son expérience en fin de match, et s'est imposé 12-10 ... Cruel pour Sébastien, mais nul doute qu'il saura tirer des enseignements positifs de sa prestation. Tournoi à oublier pour Grégoire Marche, battu d'entrée par Mohamed El Sherbini. Le n°1 français a pu se consoler en voyant l’Égyptien atteindre la finale, après deux autres grosses "perfs" sur Miguel Angel Rodriguez et Leo Au. 

L'actu du squash en France

--- L'open de France junior est l'un des grands rendez-vous de la saison du squash  dans l'hexagone. De jeudi à dimanche, près de 250 jeunes - dont de très nombreux Tricolores - s'affronteront sur les parquets Lillois. « C'est la vingt-septième édition cette année, et la douzième à Lille. Il y a quelques années, on avait dépassé la barre des 300 participants, et depuis on s'est stabilisé autour de 250. » précise Dominique Fontanon, président de l'association organisatrice (il a succédé à Michèle Lecomte, véritable instigatrice du projet et malheureusement décédée en 2011). Tour d'horizon des meilleures chances Tricolores : en -13 ans, Amir Khaled et Marius Blin peuvent viser le podium, alors que les Tchèques Vojtech Martinovsky et David Linhart sont têtes de série 1 et 2. Attention aux joueurs Égyptiens n'ayant jamais joué en Europe, nombreux dans cette catégorie … Même chose chez les filles, alors que les favorites sont Belge (Alice Allard) et Françaises (Hannah Oudinet et Sarah Guyot). En -15, la lutte pour l'or devrait être Franco-Suisse entre l'Helvète David Bernet et le duo Antonin Romieu – Melvil Scianimanico (déjà médaillé à Lille). Vainqueur en -13 à seulement 11 ans l'an dernier, Lauren Baltayan a été seulement placée tête de série 9/16 par la Fédération Européenne, alors qu'elle fait plutôt figure de favorite avec l'Anglaise Amelia Haworth – lauréate en -13 en 2018. Après s'être livrés une féroce bataille en finale des -15 l'an dernier, les Néerlandais Samuel Gerrits et Rowan Damming sont favoris en -17. Néanmoins, les Français Laszlo Godde, Laouenan Loaëc et surtout Macéo Levy, qui vient de disputer le championnat de France Élite, ont une carte à jouer. Ana Munos était également à Bordeaux et la Guyanaise aura des ambitions, tout comme la Néerlandaise Naomi Nohar. Au vu de son pédigrée, l'Indien Yash Fadte est le favori logique en -19 ans. Les 3 meilleurs jeunes Français (Toufik Mekhalfi, Manuel Paquemar et Paul Gonzalez) tenteront de bousculer la hiérarchie, sans oublier le médaillé d'or 2019 en -17, le Tchèque Marek Panacek. La double championne de France junior Ambre Allinckx et l'Américaine Lucie Stefanoni semblent au-dessus du lot, mais les Tricolores (Mahé Asensi, Yuna Loaëc, Ninon Lemarchand) peuvent viser le bronze.

Paul Gonzalez, Toufik Mekhalfi et Manuel Paquemar (ici sur le podium du championnat de France -19) tenteront de tirer leur épingle du jeu dans la catégorie reine à l'open de France junior (Crédit photo : Nicolas Barbeau)

En bref

--- Outre le championnat de France Élite, de nombreux "Nationals" ont eu lieu ces dernières semaines. Où retrouvait-t-on 4 joueurs et 4 joueurs des top 10 mondiaux ? En Égypte évidemment ! Au Caire, Ali Farag s'est imposé pour la 3ème fois consécutive dans un tableau masculin archi-relevé malgré l'absence des frères Shorbagy (8 joueurs parmi les 17 meilleurs du monde !), en battant Tarek Momen en finale. Chez les femmes, Nouran Gohar ne s'était pas remise de sa demi-finale marathon face à Rowan El Araby, et a dû abandonner face à Raneem El Welily. La n°1 mondiale décroche ainsi une 6ème couronne nationale. Inusable James Willstrop ! À 36 ans, le Marksman a remporté ses quatrièmes British Nationals, en venant à bout d'une des valeurs montantes du squash mondial, le Gallois Joel Makin. Nullement décontenancé par la perte du 2ème jeu sur le score de 11-0 (!), le géant Anglais a remporté les trois autres au tie-break. En l'absence de la double tenante du titre Tesni Evans, Sarah-Jane Perry s'est logiquement imposée chez les femmes. Situation assez cocasse : son adversaire en finale, la jeune Jasmine Hutton, avait bénéficié de deux forfaits consécutifs - d'Alison Waters ou d'Emily Whitlock. Parmi les autres joueurs sacrés, on peut citer Saurav Ghosal et Joshna Chinappa en Inde, Iker Pajares en Espagne et Raphael Kandra en Allemagne.

Que ce soit en Angleterre ou en Égypte, les championnats nationaux ont couronné des figures bien connues du monde du squash (Crédits photo : PSA World Tour & Egyptian Squash Federation)

Les rendez-vous squash des deux prochaines semaines

--- Avant le Windy City Open qui démarre le 27 février (voir ci-dessous), plusieurs Tricolores sont engagés sur le circuit international dès cette semaine. Énora Villard entre en lice demain à Cincinatti (Bronze), contre Cindy Merlo. Les derniers affrontements entre elles ont été très serrés, et la gagnante retrouvera la Belge Tinne Gilis. Ça commence également jeudi pour Edwin Clain au Canada (6 000 $) face à l'Anglais Aaron Allpress, sans grande référence en PSA. Grosse délégation bleue à Toronto (Silver), avec 4 joueurs en course : Lucas Serme (face à Tsz Fung Yip), Baptiste Masotti (Raphael Kandra) et Victor Crouin (Borja Golan) devront sortir le grand jeu pour rejoindre Mathieu Castagnet en 1/8è de finale d'un tournoi dont les têtes d'affiche sont le champion du monde Tarek Momen, Paul Coll, Joel Makin et Diego Elias. Enfin, Fabien Verseille est tête de série n°4 d'un 6 000 $ en Angleterre. Son adversaire du premier tour, George Stanford, effectuera à cette occasion ses débuts sur le circuit. 

Après le championnat du monde en 2019, le Windy City Open est de retour à l'University Club de Chicago (Crédit photo : Windy City Open)

Comme évoqué plus haut, le Windy City Open (tournoi le plus richement doté de la saison avec 500 000 $, grâce au soutien du milliardaire Mark Walter) démarre à la fin du mois à l'université de Chicago. Voici ce qui attend les 8 Français engagés, en un coup d’œil : si elle veut renouveler son exploit du ToC, Camille Serme devra probablement à nouveau faire tomber les Égyptiennes les unes après les autres ... Son parcours théorique lui propose Mariam Metwally, Hania El Hammamy (pour une revanche du championnat du monde) dès les 1/8è, Nour El Sherbini, Nour El Tayeb, puis Raneem El Welily ou Nouran Gohar. Tout un programme ! Si elles veulent rejoindre leur leader en 1/16è, les deux autres Bleues en lice devront aussi battre des Égyptiennes au premier tour : la championne du monde junior Rowan El Araby pour Coline Aumard, et Zeina Mickawy (qui l'avait battue à New York) pour Mélissa Alves. Retrouvailles possibles également pour Grégory Gaultier face à Omar Mosaad, avant un choc potentiel face à Ali Farag en 1/8è de finale. Comme le French General, Grégoire Marche bénéficie d'un bye au premier tour mais le tirage ne l'a pas gâté, avec Joel Makin au menu d'entrée. Pour augmenter le contingent Tricolore au deuxième tour, Mathieu Castagnet, Baptiste Masotti et Lucas Serme devront battre Ivan Yuen, Nicolas Mueller et Daryl Selby, respectivement.

Prochain rendez-vous pour l'actu squash le vendredi 6 mars, avec les résultats du Windy City Open.