Les Français sur le circuit PSA en 2019/20 : Coline Aumard & Grégoire Marche

Publié le : 21/05/2020 22:16:19
Catégories : L'actualité du squash

Certes, quelques tournois initialement prévus en 2019-2020 ont été reprogrammés (pour l'instant) à la fin de l'été. Mais après cinq mois de coupure forcée, on peut considérer que c'est une nouvelle campagne qui commencera et la période actuelle est l'opportunité de dresser un bilan de la saison. Depuis quelques semaines, nous mettons un coup de projecteur sur les 14 joueurs et joueuses Français qui figurent dans le top 100 mondial. Sixième épisode aujourd'hui, avec Coline Aumard et Grégoire Marche.

Épisode 1 : Marie Stéphan & Sébastien Bonmalais

Épisode 2 : Auguste Dussourd & Benjamin Aubert

Épisode 3 : Énora Villard & Victor Crouin

Épisode 4 : Lucas Serme & Baptiste Masotti

Épisode 5 : Mélissa Alves & Mathieu Castagnet

COLINE AUMARD : « J'AI SU SAISIR L'OPPORTUNITÉ »

Coline Aumard – 30 ans, n°21 mondiale (meilleur classement), 6 titres sur le circuit PSA

Crédit photo : Philippe Rochais

2019-2020 en chiffres (en PSA)

  • 7 tournois : 14 matches, 7 victoires/7 défaites (50 %)
  • Meilleur résultat : quart de finaliste du Black Ball Open (Platinum, 180 500 $)
  • Évolution au classement (depuis juillet 2019) : ↑ 13 places

Sa saison en un coup d’œil

La saison avait bien commencé pour Coline Aumard, avec une deuxième médaille d'argent consécutive au championnat d'Europe individuel, et un 1/8è de finale de gala à l'open de France, face à Camille Serme au château des Ducs de Bretagne. Les mois suivants seront plus compliqués avec une seule victoire en 3 tournois, et une défaite frustrante face à Sivasangari Subaramaniam (11-9 au 5ème jeu, alors qu'elle menait 9-7) à l'US Open. L'Anglaise d'adoption connaît un début d'année 2020 correct, atteignant les 1/16è de finale au Tournament of Champions et au Windy City Open. Le déclic intervient au Black Ball Open, où elle obtient l'une des plus belles victoires de sa carrière (voir Le saviez-vous ?) face à Salma Hany, qui l'avait pourtant battue nettement deux fois en 2019-2020. Coline s'offrira ensuite son premier quart de finale dans un tournoi majeur, s'inclinant logiquement face à Nour El Sherbini. Ce résultat lui a permis d'atteindre le meilleur classement de sa carrière, à 30 ans. En attendant la reprise des compétitions ...

Coline Aumard vue par … Coline Aumard

« Je suis certes plus près de la fin que du début de ma carrière, mais je n'ai aucune raison d'arrêter tant que j'ai le sentiment de progresser. J'aime beaucoup l'expression anglaise « trust the process. » (NDLR : que l'on pourrait traduire par « avoir confiance dans le travail quotidien »). Même si j'ai été solide dans la tête lors de mon parcours au Black Ball Open, je pense que la clé de ma réussite a été le physique : c'est lui qui conditionne le mental. Depuis quelques mois, j'ai décidé de changer des choses dans ma préparation physique, en travaillant avec Gary Nisbet. Tout au long de ma carrière, je n'ai jamais eu l'impression d'être au maximum de mes capacités dans ce domaine, et disposer d'un programme individualisé fait la différence. Il avait été conçu pour que j'arrive au top en mars, notamment car l'Annecy Rose Open (qui a été annulé suite à l'interruption du circuit) était l'un des objectifs majeurs de ma saison. C'est sans doute l'une des raisons de mes performances en Égypte. Ça faisait quelques temps que j'étais autour de la 35ème place mondiale, ce qui sur la plupart des tournois Platinum est insuffisant pour avoir un bon tableau. Comme m'a dit Philippe Signoret, pour monter au classement il faut saisir les opportunités et j'ai su le faire. »

À défaut de pouvoir fouler les parquets du Nottingham Squash Rackets Club, Coline Aumard effectue les séances conçues par son préparateur physique Gary Nisbet sur son parking depuis quelques semaines ... (Crédit photo : Coline Aumard)

L'avis du coach (Gary Nisbet)

« J'ai commencé une collaboration étroite avec Coline aux alentours de l'US Open, en octobre 2019. Comme la plupart des joueurs et joueuses Français, elle était déjà très au point sur le plan athlétique. Ce que j'ai essayé de faire, c'est d'intégrer dans son programme des séances qui lui permettent de mettre encore davantage ces qualités physiques au service de son jeu, et de passer des caps. Travailler avec Coline est un vrai plaisir, elle est toujours très impliquée dans son entraînement et réceptive quand j'apporte de nouvelles idées. Ses progrès dans ce secteur sont non seulement le fruit du travail physique effectué, mais aussi d'une meilleure compréhension et d'une plus grande confiance dans sa préparation. Je pense que ça a influé de manière positive sur ses performances globales. »

Le saviez-vous ?

En se qualifiant pour les quarts de finale du Black Ball Open, Coline Aumard est devenue la troisième Française de l'histoire à atteindre ce stade de la compétition dans un tournoi majeur, après Isabelle Stoehr et Camille Serme. Sa victoire face à Salma Hany était sa plus belle depuis janvier 2016, lorsqu'elle avait sortie Sarah-Jane Perry pour se qualifier pour les 1/8è de finale au ToC. Quelques mois plus tard, elle avait grimpé à la 25ème place mondiale, mais n'était pas parvenue à rééditer cette performance. C'est désormais chose faite, et grâce à son résultat au Caire, la joueuse d'Annecy est aux portes du top 20.

Juste avant l'interruption du circuit, Coline Aumard avait réalisé le meilleur tournoi de sa carrière en Égypte (Crédit photo : SquashSite)

Coline Aumard joue avec la raquette squash Eye Rackets Pro Series V-Lite 120, disponible sur My Squash.

GRÉGOIRE MARCHE : « LE TOP 10 MONDIAL, TOUJOURS MON OBJECTIF »

Grégoire Marche – 30 ans, n°16 mondial (meilleur classement n°14 en février 2020), 9 titres sur le circuit PSA

Crédit photo : Philippe Rochais

2019-2020 en chiffres (en PSA)

  • 9 tournois : 16 matches, 7 victoires/9 défaites (44 %)
  • Meilleur résultat : demi-finaliste de l'open de France (Silver, 73 500 $) et du Pittsburgh Open (Bronze, 51 250 $)
  • Évolution au classement (depuis juillet 2019) : même classement

Sa saison en un clin d’œil

Sur la lancée d'une excellente fin de saison précédente qui l'avait propulsé au 16ème rang mondial, Grégoire Marche avait bien commencé 2019-2020 avec une demi-finale à l'open de France à Nantes. À l'US Open et l'open d’Égypte, il tient son rang mais se heurte à deux joueurs du top 5 en 1/8è de finale - Karim Abdel Gawad et Paul Coll - avant de chuter face à un Abdulla Al Tamimi dès son entrée au championnat du monde. Le numéro 1 français avait beaucoup misé sur le début d'année 2020 et la tournée Américaine, mais ses plans sont malheureusement perturbés par un double passage aux urgences pendant le Tournament of Champions, en raison de douleurs à l'estomac. Grégoire atteint les demi-finales à Pittsburgh, mais la fin de saison sera difficile avec 3 défaites d'entrée à Détroit, Chicago et au Canary Wharf Classic. À la recherche d'un deuxième quart de finale en "majeur" (après le Qatar Classic en 2016) qui lui permettrait de se rapprocher du top 10, le natif de Valence s'est néanmoins maintenu à la 16ème place mondiale. Une belle consolation étant donné la densité du circuit masculin à l'heure actuelle.

Grégoire Marche vu par … Grégoire Marche

« En fin de saison dernière, je jouais mon meilleur squash. Du coup, j'étais encore plus motivé pour bien travailler pendant l'été, et ça a porté ses fruits dès le début de saison à Nantes. Ça aurait même pu être encore mieux, mais étant donné le résultat et l'ambiance, je ne pouvais qu'être satisfait. Ma défaite au championnat du monde a été une déception, même si je suis tombé sur un Al Tamimi « on fire. » J'avais vraiment envie de marquer de gros points afin de me rapprocher du top 10, qui était mon objectif et qui l'est toujours. Même si on a décroché une belle troisième place, j'ai également été un peu déçu de perdre contre Adrian Waller en demi-finale du championnat du monde par équipe, alors que j'étais plutôt content de ma prestation de la veille face à l'Espagne. Ensuite, j'ai pris la décision de partir deux mois aux Etats-Unis, afin d'éviter les allers-retours. Malheureusement, je me suis retrouvé aux urgences à cause d'un ulcère à l'estomac pendant le Tournament of Champions, et je ne m'en suis pas complètement remis par la suite. J'ai sauvé les meubles sur quelques tournois, par exemple à Pittsburgh. En demi-finale face à Fares Dessouky, je fais un bon match mais il m'a manqué le petit coup de rein nécessaire dans les moments importants. Dans l'ensemble, les choses ne sont pas super bien passées pendant cette tournée. Ce problème de santé ne m'a pas aidé, alors que j'y avais placé beaucoup d'espoirs. À l'image de mon dernier match de la saison, face à Mathieu Castagnet au Canary Wharf, le niveau de jeu est là, mais je ne suis pas parvenu à faire tourner les choses de mon côté. En tous les cas, je retiens une chose de cette période particulière que nous vivons actuellement : ce qui me manque le plus, c'est de m'aligner sur des tournois avec l'ambition d'aller au bout, et le plaisir de la victoire. Du coup, c'est compliqué de s'entraîner sans véritable objectif, même si je fais ce qu'il me faut pour me maintenir en forme. »

Depuis deux ans, Grégoire Marche a recommencer à travailler avec Cédric Hateau, l'entraîneur avec lequel il a débuté le squash (Crédit photo : Aurélien Avril)

L'avis du coach (Cédric Hateau)

« Quand j'ai (re)commencé à travailler avec Greg il y a deux ans, on a repris de nombreuses choses fondamentales : 1) travailler la posture, l’attitude et l’attention au T (c'est encore un 'work in progress'), 2) réinitialiser les mouvements de la main droite, tôt, en corrélation avec la prise d'information (tout en redéfinissant ce terme), 3) redévelopper son toucher de balle, un secteur dans lequel il a quelques difficultés. Désormais, il faut approfondir sur l’approche intérieure, et la confiance afin de développer un jeu plus complet. Grâce au travail de précision effectué depuis de nombreuses années avec son préparateur physique Thomas Adriaens, Greg a de grosses qualités de vitesse, mais il manque de précision sur le côté gauche du terrain : il est parfois trop prêt de la balle, et se retrouve en position inconfortable pour jouer un amorti. Mais hormis cela, sa technique est opérationnelle et il ne lui reste plus qu’à piloter la machine. La saison prochaine, l'enjeu et la clé de ses résultats sera, je pense, d'ordre mental, afin de prendre confiance dans le fait de rééquilibrer le jeu à l’avant par rapport à l’arrière du court. »

Le saviez-vous ?

Comme nous l'évoquions plus haut, Grégoire Marche avait idéalement lancé sa campagne 2019-2020 en battant Simon Rösner (tête de série n°1) à l'open de France. Devant un public Nantais qu'il adore et le lui rend bien (« Il n'y a qu'ici que j'ai des frissons sur le court, » avouait-il après le match), il mettait fin à une série de 7 défaites face à l'Allemand en PSA. C'était également la deuxième fois que Grégoire battait un membre du top 5 mondial, après Nick Matthew à San Francisco en 2016. Seuls quatre autres joueurs Français affichent une telle carte de visite : Julien Bonetat, Thierry Lincou, Grégory Gaultier et Mathieu Castagnet. Quelques semaines plus tard, "The Acrobat" - le surnom que lui donnent les commentateurs de SquashTV - allait également devenir le cinquième Tricolore à intégrer le top 15 mondial.

En battant Simon Rösner à l'open de France, Grégoire Marche avait réalisé l'une des plus belles performances de sa carrière (Crédit photo : Philippe Rochais)

Grégoire Marche joue avec la raquette squash Tecnifibre Carboflex 125 Airshaft, modèle signature du n°1 mondial Mohamed El Shorbagy et disponible sur My Squash.

Dans le septième et dernier épisode de notre série « Les Français sur le circuit PSA en 2019/20 », nous reviendrons sur la saison de Grégory Gaultier et Camille Serme. Rendez-vous vendredi prochain !

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